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Le difficile retour à la terre des déplacés burundais

Au Burundi, le plus important retour de réfugiés que l'Afrique ait connu est en cours. Mais les problèmes fonciers fragilisent cette vaste opération, qui se déroule sur fond de fragilité politique et de dénuement généralisé. Des «villages de paix» esquissent une solution.

09 oct. 2009, 09:14

Accroupie sous la tente de la cuisine commune, une fillette jette quelques fèves dans une casserole. En face d'elle, de simples abris recouverts de bâches blanches aux inscriptions du HCR. A Mutambara, dans la commune de Rumonge située au sud du Burundi, la déception recouvre le campement comme une poussière épaisse. Car l'installation n'est pas l'un des innombrables camps d'exilés qui peuplent le monde. Ses occupants sont bien dans leur pays. Mais pour eux, au lieu d'être un terme, le retour n'a été qu'une étape de plus dans l'interminable épopée de l'exil.

Un exil interminable parce que les hommes, les femmes et les enfants qui vivent là reviennent des camps de réfugiés de l'ouest de la Tanzanie. Des dizaines de milliers y avaient été recueillis en 1972, lorsqu'ils fuyaient en masse le pays, après le soulèvement hutu contre le pouvoir tutsi, et la répression tutsie qui s'en est suivie. D'autres sont arrivés en 1993 lors de l'assassinat de Melchior Ndadaye, le premier président élu démocratiquement. Au cours des 37 dernières années, les vagues de déplacements dues à des conflits ethniques n'ont pas cessé, faisant du Burundi le plus grand pays «producteur» de réfugiés au monde. Avec la fin de la guerre civile et la consolidation du processus de paix, les Burundais reviennent.

Mutambara réunit des personnes qui ont rêvé de retrouver leur terre natale après plus de trente ans d'exil et des descendants d'exilés qui connaissent surtout le Burundi par ouï-dire et n'en parlent pas - ou mal - la langue, le kirundi. Abel, né en Tanzanie, a fait partie des enthousiastes pressés de découvrir son pays, officiellement en paix depuis 2006. Mais les structures économiques et sociales du Burundi sont dévastées, sa construction politique fragile, et les derniers accords avec les rebelles n'ont été signés qu'en... 2009.

Aujourd'hui, Abel regrette et il n'est pas le seul. Les rapatriés de Mutambara vivent misérablement. Ils ne reçoivent plus de nourriture - ou alors occasionnellement, par des bienfaiteurs rares et non identifiés. Pour obtenir leur ration alimentaire journalière, ils vont travailler dans les plantations des résidents. Ils n'ont pas d'électricité et pour ramener de l'eau, les femmes parcourent 3 km. L'accès aux soins est difficile. Ils manquent même de couvertures: car ils sont arrivés en 2008, à une époque où le HCR ne distribuait rien puisque les réfugiés pouvaient ramener leurs biens d'exil. Sous la pression des médias et des ONG, la situation s'est améliorée en 2009.

Nombreux sont ceux qui craignent toutefois que la situation ne dégénère. En cause notamment la problématique de l'accès à la terre (lire ci-contre) qui pourrait ranimer des blessures vives entre Hutus et Tutsis. /DHA - Le Courrier

Intégralité de l'article rédigé dans le cadre de l'opération En quête d'Afrique disponible sur www.tsr.ch/afrique

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