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La ville surfe sur une nouvelle vague

08 juil. 2011, 10:37

Une vague qui déferle à Biarritz, capitale du surf de ce côté-ci de l'Atlantique, c'est monnaie courante. Sauf que celle-là se trouve à 300 m de l'océan, qu'elle n'est pas liquide mais en béton blanc. Posée entre les plages de la Milady et d'Ilbarritz, à 3 km du centre-ville, elle abrite la toute nouvelle Cité de l'océan et du surf, qui a ouvert depuis deux semaines ses portes au public. Cet édifice minimaliste est le premier de Steven Holl en France. L'architecte américain y a mis tout son cœur de Californien surfeur: la forme incurvée du bâtiment figure le creux d'une vague sous le ciel. C'est aussi une grande place publique où l'on se promène sur des pavés végétalisés. Mais, surtout, cette construction extérieure n'est que la partie visible de l'iceberg. Tout l'espace muséographique (2 000 m2) est installé en sous-sol, par 9 m à 13 m de fond.

Films en 3D

On y pénètre comme on plongerait sous une vague. L'exposition consiste en un parcours interactif d'une douzaine d'attractions sur l'origine de l'océan, son fonctionnement, ses rythmes, ses humeurs, ses mystères, ses fragilités… «Nous avons considéré l'océan comme un être vivant, pour mieux le faire connaître, le faire aimer, le respecter», prévient Françoise Pautrizel, la directrice générale du site. Parmi les temps forts de la découverte: l'exploration des abysses du Gouf de Capbreton dans une base sous-marine digne de Jules Verne. Ou une tempête à bord d'un paquebot, prétexte à une leçon sur la navigation, les naufrages, les sauveteurs, la surveillance des océans par satellite. Ou encore le tour d'un squelette de baleine, grandeur nature mais en fil de fer-blanc à la Calder, avec bornes étapes sur l'adaptation des organismes aux milieux terrestres et aquatiques depuis la nuit des temps. Et la traversée d'un tube de bulles-écrans fouettées par les vagues géantes des plus beaux spots de surf de la planète…

C'est du grand spectacle, orchestré par une technologie dernier cri d'effets spéciaux, films en 3D, écrans tactiles, tables multi-touch, images de synthèse HD en relief…

5000 poissons

On s'amuse beaucoup, mais on s'instruit aussi. Et pour cause: un comité de scientifiques a supervisé la substantifique moelle de cette virtuelle et sensationnelle immersion. «La communauté scientifique possède quantité de données inaccessibles au public. Et notre concept l'intéresse parce qu'il permet de les médiatiser. Nous avons d'ailleurs déjà conclu des partenariats avec l'Ifremer, le CNRS et la Cité des sciences et de l'industrie», souligne Françoise Pautrizel, elle-même océanographe et capitaine du nouveau pôle Biarritz Océan.

Celui-ci regroupe les deux sites marins de la ville: la nouvelle «cité», et le Musée de la mer, réouvert après des travaux d'extension. Deux fois plus grand (7000 m2), il contient désormais 50 aquariums. Le Gulf Stream sert de fil conducteur à la visite de ce banc de 5000 poissons: départ dans le golfe de Gascogne, traversée de l'Atlantique nord et des Caraïbes, puis, passé le cap Horn (via un tunnel de poissons virtuels), arrivée dans la zone indopacifique, au milieu des coraux phosphorescents et des quatre requins-marteaux halicornes, VIP de l'établissement. Ce nouvel espace muséographique a, comme celui de la Cité de l'océan et du surf, joué la mélodie en sous-sol, entièrement creusé dans la falaise. Ainsi le bâtiment Art déco d'origine (1935) a-t-il conservé sa superbe. Mieux, quelques voisins disgracieux (immeubles, parking) ont été démolis pour laisser place à une esplanade paysagère avec vue panoramique sur le fameux Rocher de la Vierge et l'océan.

Avec ces innovations, la station reine de la côte basque espère modifier son image. Le souvenir des villégiatures huppées du second Empire et de la Belle Epoque lui colle à la peau. «Nous sommes très fiers de ce passé, mais il est temps de superposer à cette identité patrimoniale une vision plus jeune et tournée vers l'avenir, explique le sénateur maire, Didier Borotra. Et si nous avons choisi l'océan comme fer de lance, c'est parce qu'il a toujours été au centre de notre culture.»

Pêche à la baleine

L'édile rappelle que le principal moyen de subsistance des Biarrots fut longtemps la pêche à la baleine, comme en témoigne le premier sceau de la ville, frappé en 1351. Enfin, annonce-t-il, «Biarritz Océan doit aussi servir à développer une filière d'activités liées à la mer, formation, recherche, désalinisation, industrie de l'algue…» D'ici là, 450 000 visiteurs (350 000 au musée, 100 000 à la cité) sont attendus pour rentabiliser les 41 millions d'euros déjà investis pour teindre en bleu le blason biarrot.

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