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La traque aux germes

Prévenir la transmission d’agents pathogènes aux patients

16 janv. 2018, 00:01
Pflegefachleute, Aerztinnen und Aerzte des Universitaeren Notfallzentrums ueben in einer Weiterbildung Isolations- und Schutzmassnahmen im Fall eines Patienten mit einer hochansteckenden Erkrankung wie Ebola, am Donnerstag, 23. Oktober 2014, im Inselspital in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della Valle) SCHWEIZ EBOLA ISOLATION INSELSPITAL

Eradiquer les germes en milieu hospitalier s’apparente à un travail de fourmi. Une besogne incessante qui se déroule pour l’essentiel en coulisses. Car l’hygiène hospitalière comprend des dizaines de mesures qui impliquent des centaines d’employés. Son rôle est de prévenir la transmission d’agents pathogènes entre patients, de patients à soignants et inversement, mais pas seulement: le matériel, les locaux ou l’eau sanitaire font aussi l’objet de dispositions régies par des protocoles de prophylaxie. Tour d’horizon avec le Dr Olivier Clerc, infectiologue en charge de l’Unité de prévention et de contrôle de l’infection de l’Hôpital neuchâtelois (HNE).

Essentielle pour prévenir la transmission d’infections, l’hygiène des mains fait l’objet d’un programme innovant depuis cinq ans à l’HNE qui s’empare d’outils marketing pour promouvoir le processus au sein du personnel. Première règle: les soignants doivent se désinfecter les mains entre chaque patient. «Nous avons atteint un taux d’observance de plus de 85%, ce qui est plutôt élevé en regard de certains hôpitaux européens où cette valeur avoisine les 30%. Mais il faut travailler sans relâche pour maintenir les bonnes habitudes dans les équipes sinon elles ont tendance à se relâcher», relève le Dr Clerc. «Pour suivre le taux d’observance nous envoyons un observateur indépendant dans les services de l’hôpital tous les six mois.»

Pour certains gestes, le port des gants médicaux a été aboli il y a deux ans. «Des études ont démontré que les gants pouvaient induire une fausse sécurité. Dans des cas particuliers, on a constaté que le personnel se désinfectait les mains, mais était moins vigilant lorsqu’il portait des gants. Il vaut donc mieux parfois se passer des gants et opter pour une hygiène des mains rigoureuse.»

Les réseaux d’eau des hôpitaux neuchâtelois sont contrôlés deux fois par an, voire davantage selon les résultats des relevés microbiologiques. L’eau sanitaire entre 0 et 60° peut véhiculer des agents responsables de la légionellose (une maladie infectieuse qui atteint les poumons). «Par mesure de précaution, nous provoquons parfois des chocs thermiques dans les conduites pour dépasser le seuil des 60°. Pour ce type d’intervention, nous devons mobiliser un grand nombre de collaborateurs du service technique.»

Lorsque des travaux d’entretien sont prévus à l’hôpital, le Dr Clerc et son équipe doivent être avertis au préalable: selon le type d’intervention, ils mettront en place des mesures de protection contre les poussières pour protéger les patients fragiles.

Le matériel réutilisable, comme les endoscopes, est désinfecté de manière très rigoureuse. «C’est un domaine qui nécessite beaucoup de personnel et des contrôles qualité», précise l’infectiologue. «Un dispositif optique est plus difficile à désinfecter qu’un instrument chirurgical.»

Composée d’une vingtaine de collaborateurs, cette unité travaille sur la base de standards internationaux pour collecter, laver, contrôler, emballer, stériliser, stocker et distribuer les équipements médicaux.

Au sein de la population, certaines personnes sont porteuses de staphylocoques dorés ou d’autres germes multi-résistants (insensibles à l’action de plusieurs antibiotiques) pendant plusieurs années (voir ci-dessous). Quand elles sont réhospitalisées, le système informatique permet une détection immédiate du problème, ce qui permet au personnel de mettre en place des mesures additionnelles. Ces personnes sont ainsi tenues à l’écart d’autres patients pour éviter la transmission de bactéries problématiques. Si elles doivent se déplacer dans l’hôpital, un soignant les accompagne, pour qu’elles n’aient pas à toucher les boutons de l’ascenseur et poignées de porte.

Une cinquantaine de protocoles ont été élaborés par l’Unité de prévention et de contrôle de l’infection (UPCI) de l’HNE concernant les mesures d’hygiène. Ils sont déclinés par mission, lieu d’intervention (bloc opératoire, consultation, etc.), corps de métier, et comprennent des mesures additionnelles, appelées autrefois isolements. «Après avoir établi une procédure, notre unité se charge de l’auditer et de répondre aux questions du personnel soignant», résume Pierre Deriaz, l’un des trois infirmiers de l’UPCI. «Il existe des standards internationaux dans bon nombre de secteurs de l’hygiène hospitalière», précise le Dr Olivier Clerc. «Mais c’est un domaine en évolution permanente. Ainsi lorsque l’épidémie d’Ebola a éclaté, il a fallu rapidement créer un nouveau protocole au cas où un patient malade de retour d’un pays épidémique s’était présenté aux urgences de l’hôpital.»

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