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La station spatiale menacée d'abandon

02 sept. 2011, 11:20

Si l'avenir de la Station spatiale internationale (ISS) n'est pas encore remis en question, l'inquiétude grandit quant à la capacité à la maintenir habitée jusqu'à la fin de l'année. L'échec du lancement d'un cargo de ravitaillement la semaine dernière avait déjà poussé la Russie à suspendre le décollage des fusées Soyouz, les seules capables d'amener des hommes à l'ISS depuis l'arrêt des navettes spatiales américaines.

Mardi, le directeur des programmes de vols habités à l'Agence spatiale russe Roskosmos, Alexeï Krasnov, a précisé que le tir d'une capsule de trois places n'interviendrait pas avant fin octobre ou début novembre.

Les Etats-Unis se montraient jusqu'alors très confiants dans la capacité des Russes à régler rapidement leurs problèmes de lanceur. Ils ont émis mardi leurs premières réserves et envisagé publiquement la possibilité d'avoir à recourir à un plan B: l'évacuation de l'ISS. «Nous ferons ce qui est le plus sûr pour l'équipage et la station, qui représente un très gros investissement pour nos gouvernements respectifs», a expliqué le responsable de la station à la Nasa, Mike Suffredini.

Pour le moment, six astronautes, trois Russes, deux Américains et un Japonais, sont à bord.

Trois rentreront le 18 septembre, avec neuf jours de retard sur le calendrier initial. Les trois derniers assureront ensuite tout seuls la maintenance au détriment des expériences scientifiques, mais devront quoi qu'il arrive quitter la station avant fin novembre.

Après cette date, le retour dans les steppes kazakhes deviendra difficile en raison des nuits très longues et d'une position défavorable de l'ISS. D'autre part, la dernière capsule Soyouz amarrée à la station a, comme les autres, une durée de vie limitée. Le carburant, du peroxyde d'hydrogène, se dégrade et peut mettre en péril l'opération de retour au-delà de 200 jours.

Commission d'enquête russe

La Nasa ne prendra aucun risque, quitte à laisser la station déserte pour la première fois depuis qu'elle a accueilli son premier passager en 2000.

Roskosmos veut effectuer deux lancements de fusées Soyouz non habitées avant de procéder au tir d'une capsule. «La commission d'enquête russe est toujours en cours, rapporte le porte-parole du directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), Franco Bonacina. L'expérience laisse penser que les Russes ont besoin de moins de quarante jours pour identifier un problème et le régler.»

Dans le cas le plus favorable, les lancements «d'essai» se dérouleront fin septembre, puis mi-octobre.

Une capsule habitée pourrait alors rejoindre l'ISS avant que les trois astronautes encore à bord n'aient à redescendre sur Terre. L'évacuation de l'ISS avait déjà été envisagée en 2003 après l'accident de la navette Columbia dans laquelle six hommes avaient trouvé la mort. Ce scénario avait finalement pu être évité. «Il y a un risque plus grand de perdre l'ISS s'il n'y a pas d'astronautes à bord, et l'accroissement de ce risque n'est pas négligeable», a rappelé Mike Suffredini.

Dans le cas hypothétique d'une évacuation, la moindre panne nécessitant une intervention directe pourrait en effet s'avérer problématique et mettre en péril l'ISS. «Tout est prévu pour contrôler la station à distance», assure le responsable de la station à l'ESA, Bernardo Patti. «Quoi qu'il arrive, nous devrions garder la maîtrise sur la station et prouver ainsi la robustesse.»

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