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La sexualité décodée à l’école

Une approche globale de l’éducation en milieu scolaire, à l’heure où certaines infections sexuellement transmissibles sont en augmentation.

29 nov. 2016, 01:25
La Fontenelle,
Cours d'education sexuelle
Manuela Guyot, animatrice
Cernier, le 23 10 2012
Photo Guillaume Perret
 COLLEGE DE LA FONTENELLE

Le droit à l’éducation et à l’information se traduit en Suisse par l’éducation à la santé sexuelle tout au long de la vie. L’éducation sexuelle pour les enfants et les jeunes constitue un droit de l’enfant. La famille, les pairs ou encore les médias jouent un rôle important de transmission d’information et de valeurs, mais ne garantissent pas l’égalité de traitement ni la qualité des informations. C’est pourquoi l’éducation sexuelle fait partie d’une politique publique qui se concrétise par des cours sur ce thème.

Ces cours donnent aux enfants et aux jeunes, filles et garçons, une information objective sur tous les aspects de la sexualité. Elle les aide à développer des aptitudes et compétences essentielles qui leur permettront de déterminer leur sexualité et leurs relations, en fonction de leur âge. Elle leur donne les moyens dont ils ont besoin pour vivre une vie sexuelle et relationnelle épanouie et responsable.

«Nous avons un métier délicat, car dès qu’on parle de risques, on fait peur. Pourtant nous devons parler des infections sexuellement transmissibles (IST) – dont certaines sont en augmentation car elles peuvent être une cause de stérilité. Notre message, c’est que la sexualité est belle et nécessaire dans une vie, mais qu’il y a des conditions à respecter», résume Anne-Marie Lando Wacker, animatrice en santé sexuelle dans le Jura. A leur apparition dans les écoles il y a une petite trentaine d’années, les cours dédiés à la sexualité se focalisaient surtout sur l’anatomie et la prévention du VIH/sida lorsque cette infection a fait irruption dans le pays.

Au fil des ans, les objectifs se sont élargis, au gré de l’évolution de la société. Ainsi, durant leur scolarité, seize périodes sont dispensées aux élèves neuchâtelois (8 en 7e, 4 en 9e et 10e ainsi qu’une journée entière dédiée à la santé en 11e) par le GIS (Groupe information sexuelle et éducation à la santé) qui intervient aussi dans les établissements spécialisés et au niveau postscolaire. Dans le Jura, 19 périodes sont réparties au cours de la scolarité, jusqu’à la 2e année postscolaire. Chacun des cantons prévoit une soirée d’information en 2e année pour expliquer le programme aux parents.

Adapté à l’âge des enfants

Les thématiques abordées sont évidemment adaptées à l’âge et au développement des enfants. L’éducation sexuelle démarre en 2e dans le Jura, avec trois leçons qui visent à éveiller les enfants au respect de leur intimité, distinguer les parties «privées» de leur corps, renforcer leur capacité à dire «non» et leur indiquer où chercher de l’aide en cas de problème. En 6e ou 7e, les éducatrices parlent, entre autres, de la puberté, de la relation sexuelle, des moyens de contraception et de la prévention des IST, mais également du «sexting» (messages/vidéos à caractère sexuel transmis par smartphone) ou des produits licites et illicites (alcool, tabac, cannabis, etc.)

Dimension psychosociale

«Nous tenons compte des changements que les enfants vivent au travers de l’évolution des thématiques, tels que l’utilisation des réseaux sociaux», détaille Muriel Reber, directrice du GIS. «La dimension psychosociale et interpersonnelle est omniprésente dans les cours. La question de l’estime de soi, par exemple, est régulièrement abordée. Nous nous fondons sur une approche globale, dite holistique, de l’éducation sexuelle, basée sur la compréhension de la sexualité en tant que composante fondamentale de l’être humain.»

La journée santé organisée dans les écoles neuchâteloises incite les adolescents à réfléchir à leur santé au sens large. C’est l’occasion pour eux de rencontrer de nombreux professionnels de la prévention. Le GIS joue un rôle de passerelle entre les jeunes et ces associations qui peuvent leur être utiles. Dans le Jura aussi, les spécialistes en santé sexuelle officient comme intermédiaires: elles informent les adolescents où ils peuvent trouver de l’aide en cas de besoin, auprès de l’infirmier scolaire, du médiateur ou du planning familial par exemple.

Est-ce qu’on est obligé?

«Si les questions des jeunes se sont légèrement modifiées avec les années – ils demandent des précisions par rapport à ce qui est diffusé à la télévision et internet leurs préoccupations premières demeurent les mêmes», analyse Anne-Marie Lando Wacker. Les interrogations de base – est-ce normal? est-ce qu’on est obligé? – restent toujours d’actualité. D’ailleurs l’âge moyen de la première relation sexuelle n’a pas bougé depuis vingt ans: il s’établit à 17 ans et demi en Suisse et en Europe.

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