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La parole aux enfants d'alcooliques

Addiction Info Suisse lançait hier une plateforme internet destinée aux enfants d'alcoolodépendants. L'objectif: leur offrir un espace d'information, d'écoute et de dialogue.

15 avr. 2011, 12:21

«A travers cette nouvelle plateforme internet, il s'agit d'abord de rendre la parole possible pour les enfants d'alcoolodépendants», explique Corine Kibora, collaboratrice d'Addiction Info Suisse. «Plus on met de mots sur ce type de situations, plus on a de chance que celles-ci soient prises en main», poursuit-elle. L'intérêt du site créé par l'organisation réside d'abord dans cette démarche: permettre à l'enfant de mettre des mots sur sa souffrance, lui montrer ensuite que celle-ci est reconnue comme telle pour enfin, lui offrir un espace où s'exprimer. Il peut également y trouver des moyens pour l'aider à s'en sortir, tel que l'accès à des contacts utiles, notamment, ceux de structures cantonales lui offrant une écoute et un conseil adaptés.

«Les enfants d'alcoolodépendants sont estimés à plusieurs dizaines de milliers en Suisse», souligne Michel Graf, directeur d'Addiction Info Suisse. «Ils souffrent d'un manque de sécurité, de culpabilité, du déni de la maladie de la part de l'ensemble de la famille... Ils éprouvent honte, colère, anxiété...» Il rappelle enfin que pour les deux tiers d'entre eux, leur développement en pâtit. Le risque de rencontrer par la suite un problème de dépendance ou un trouble psychique est six fois supérieur par rapport à ceux qu'un enfant encourt dans une famille sans problème d'alcool. D'où l'importance de briser le silence.

Sortir de l'isolement

Un forum animé par un professionnel est ouvert de 8h à 21h. L'enfant peut y poser des questions ou simplement témoigner de ses difficultés. C'est également pour lui l'occasion d'échanger avec d'autres enfants vivant une situation similaire. Ce dernier point est primordial. «Un tabou réside dans l'alcoolisme d'un parent», explique Célia Walther, chargée de prévention du Centre neuchâtelois d'alcoologie. «Ce tabou pousse l'enfant à croire qu'il est le seul à évoluer dans un tel environnement.» Il est essentiel pour son développement qu'il prenne conscience qu'il n'est pas le seul. Non pas pour normaliser la situation, mais pour lui permettre de briser le silence et ainsi de chercher des moyens de construire son propre épanouissement, indépendamment de la maladie de son parent.

Une rubrique telle que «Je me sens coupable» lui explique au travers d'un langage accessible qu'il n'est en rien responsable de ses parents et que l'alcoolisme est une maladie. «Le déculpabiliser tout en montrant un respect du cadre familial, un non-jugement», note la chargée de prévention. C'est là une condition nécessaire pour que l'enfant s'ouvre au dialogue.

Ce site devrait donc permettre d'atteindre les enfants concernés et, dans le meilleur des cas, de les amener vers d'autres offres d'aides disponibles dans les cantons. «La plus grande difficulté est d'atteindre les enfants», explique Alain Beney intervenant en toxicomanie à la Ligue valaisanne contre les toxicomanies - L'organisation propose depuis quelques mois des groupes de paroles pour les enfants. «Il y a un certain nombre de barrières qui s'érigent entre eux et nous.» Notamment, le désir de loyauté que les enfants peuvent ressentir envers leur parent, ou encore les craintes des parents de se voir retirer la garde de leur enfant. «Nous espérons que cette plateforme internet leur permettra de les dépasser», conclut-t-il.


Plus de renseignement sur:
www.mamanboit.ch, www.papaboit.ch
Le site se découpe en deux parties selon deux catégories d'âge: les 8-12 ans et les 13-20 ans.

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