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La Malaisie, entre clichés paradisiaques et totems mondialisés

«Malaysia, Truly Asia» (Malaisie, l'Asie authentique)… la formule a fait le tour du monde. Si l'authenticité extrême-orientale réside dans la diversité culturelle, le métissage ethnique et les contrastes tous azimuts, alors le slogan malais n'est pas usurpé. Bernard Pichon est allé confronter l'image à la réalité.

30 août 2010, 08:22

En gros, la Malaisie présente deux facettes, popularisées par la littérature voyageuse du début du 20e siècle: une jungle de légendes (sultans, pirates, aventuriers) d'où s'échappe un tigre bondissant vers la modernité (high-tech, pétrole, buildings). On saisit bien cette dualité, dès l'aéroport de Kuala Lumpur, dont les perspectives futuristes se risquent à intégrer une portion de forêt pluviale. Reflétant les fumées et poussières des séculaires marchés à ciel ouvert, les impeccables façades vitrées de la capitale confirment un caractère contradictoire.

Pour évoquer un territoire aussi riche en sensations - visuelles, gustatives, voire olfactives - sans trop brouiller le kaléidoscope, mieux vaut choisir un angle. Pourquoi pas celui de l'héritage colonial, trait d'union si précieux entre histoire et modernité que l'Unesco l'a inscrit au Patrimoine mondial, offrant ainsi un sursis aux belles demeures familiales décorées de dentelles boisées, aux jardinets familiaux laissant divaguer les poules, aux étroites habitations colorées.

Dans la zone historique de Malacca, le décor urbain consciencieusement entretenu, permet de confronter les courants indiens, chinois, arabes, portugais, hollandais et anglais ayant imprégné cet ancien passage entre océan indien et mer de Chine.

S'il est conseillé de le parcourir à pied, effectuer une partie du trajet à bord d'un trishaw constitue une expérience en soi. Equipés de sonos tonitruantes, décorés comme des arbres de Noël, ces ébouriffants tricycles conduisent par exemple au Malacca Sultanate Palace (élégant édifice en bois dressé en lisière d'un jardin hérissé de petits ponts et bancs ombragés), au temple chinois Cheng Hoon Teng (le plus vieux du pays), ou au Baba Nyonga Heritage. Ce musée privé, des plus intéressants, donne une bonne idée de l'ancienne prospérité de la colonie.

On poursuivra l'enchantement dans une de ces maisons de thé superbement meublées, appréciant l'ombre d'une cour intérieure rafraîchie par une pièce d'eau bordée de plantes exotiques, lorgnant sur les divers lieux d'habitation ventilés par la grande hélice suspendue! On n'aura plus qu'une envie: chiner chez l'un ou l'autre des antiquaires voisins. Mais vu leurs tarifs prohibitifs, on s'en tiendra au simple plaisir des yeux.

Qualifiée de «Perle de l'Orient» par certains navigateurs de la Compagnie des Indes orientales, aventuriers et autres hippies hypnotisés, l'île de Penang est un nénuphar posé en plein détroit de Malacca. La zone historique de George Town y fait aussi figure de machine à remonter le temps. On s'y recueille dans d'improbables sanctuaires bouddhistes ou musulmans cachés au fond d'impasses mystérieuses, jamais dangereuses. On y photographie cette luxueuse maison bleue, construite vers 1880 avec ses 38 chambres et 220 fenêtres, et qui se flatte d'avoir accueilli Catherine Deneuve pour quelques scènes d'«Indochine».

La 20th Century Fox, elle, a choisi une autre île malaise - la plus grande du chapelet de Langkawi - pour y tourner «Anna et le roi», en 1999. Jodie Foster, héroïne du film, a séjourné dans un hôtel de rêve, constitué de somptueux pavillons disséminés dans la végétation en bordure de plage. Tous les raffinements d'un palace au prix d'un 3 étoiles de chez nous.

Le paysage alentour? De hautes falaises tapissées de forêt vierge, plongeant dans la mer ou découpant des criques, des baies et des grottes inaccessibles. /BPI

Journaliste globe-trotter, auteur de «Voyager sans se faire plumer» (Ed. Favre), Bernard Pichon nous propose ses balades thématiques durant l'été

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