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La bénédiction des pharaons

29 avr. 2011, 08:21

Le touriste, c'est toujours l'autre. On a beau pester quand il s'agglutine à ses congénères pour polluer l'image, même Photoshop aura du mal à effacer les essaims bourdonnant autour des pyramides et obélisques.

On en vient alors à envier Tintin et ses comparses, seuls à explorer les sublimes nécropoles d'une civilisation obsédée par l'au-delà. Effet collatéral d'une révolution qui n'a probablement pas épuisé ses soubresauts: les monuments de l'antiquité égyptienne s'offrent maintenant comme jamais aux privilégiés souhaitant les visiter en Suisse.

Pareil pour les sites balnéaires qui, à l'instar d'Hurghada, alignent des kilomètres de plages blanches, provisoirement soulagées de pesantes promiscuités.

«En 2009, se souviennent ces Fribourgeois familiers d'El Gouna, nous devions nous lever de bonne heure pour réserver parasol et chaise longue. Cette année, on a tout pour soi!» Et les troubles politiques? «Vous avez vu bouger quelque chose dans le secteur?», ironise madame en sirotant son jus de karkadé. Le Caire et Alexandrie lui paraissent bien lointaines.

Beauté divine

«C'est encore plus magique que les photos du catalogue!»… constat effectué en écartant les persiennes, soleil levant. De fait, Horus - commandeur du ciel au panthéon de l'Egypte ancienne - perpétue inlassablement son divin cérémonial. Chaque matin, il dépouille délicatement le Nil de ses brumes pour le parer d'un nimbe doré jusqu'au crépuscule.

L'essentiel du décor n'a pas changé depuis plus de quarante siècles: les bougainvilliers éclatent toujours sur le ruban vert bordant le fleuve sacré, frontière entre le monde des vivants et le cimetière minéral d'Osiris. Mythique vallée des Rois, toile de fond d'un théâtre immémorial dont les figurants-fellahs continuent de manier la charrue primitive entre palmiers et cannes à sucre. Rien de tel que le fil de l'eau pour tisser les plus beaux souvenirs d'une escapade égyptienne: travaux des champs, envols d'oiseaux, barques de pêcheurs, roseaux ondulant, soleil couchant. Autant de tableaux vivants ramenant à un quotidien codifié pour l'éternité par des dynasties d'artistes anonymes.

L'Egypte ancienne, c'est aussi l'histoire d'un peuple qui naît, vit, aime, travaille et meurt… un peuple rural raffiné, aux coutumes attachantes, aux traditions solidement ancrées. Les bijoux et objets du remarquable musée de Louxor suffisent à le démontrer, comme la visite de la nécropole de Ramsès III, Touthmôsis III et autre Aménophis II. Vécue sous les étoiles, une découverte de l'écrasant temple de Karnak suscite une émotion plus inspirée que le pompeux son & lumières claironné en plusieurs langues.

De papyrus en felouques

Les encombrants hôtels flottants se retrouvent condamnés aux amarres par la crise actuelle. Rouillés ou rutilants, ces mastodontes regardent passer des embarcations nettement plus romantiques, comme les dahabiehs au charme suranné. Eux aussi font le trajet des incontournables escales: Louxor, Edfou, Assouan, mais au tempo de leurs affréteurs gâtés et du vent dans la voilure.

A bord, tout le confort d'un hôtel moderne, climatisation et cocktails inclus. Ne manque que la télé dans les cabines cosy. Mais qui aurait vraiment envie de troubler la quiétude ambiante par une lucarne ouverte sur Kadhafi ou Fukushima?

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