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L'histoire de Tiananmen passe par la Suisse

Le monde entier se souvient de la répression du printemps de Pékin, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989. Le monde entier sauf la Chine, où la censure occulte l'événement. Pourtant, en vingt ans, la Chine a beaucoup évolué.

04 juin 2009, 10:13

C'est l'histoire d'un visa pour la Suisse. Un visa à entrée multiple, à cause duquel Han Dongfang est interdit d'entrée en Chine populaire depuis 1993, bien qu'il en soit ressortissant.

S'il est persona non grata, c'est que cet ancien électricien aux chemins de fer chinois est aussi un leader du mouvement de Tiananmen. En 1989, il crée le premier syndicat indépendant de Chine, la Fondation autonome des travailleurs de Pékin. Le printemps de Pékin mobilise aussi les travailleurs, pas seulement les étudiants. C'est Han Dongfang qui les mène et les représente sur la place de la Paix céleste.

Après la funeste nuit du 3 au 4 juin et l'assaut donné par l'armée contre les manifestants, Han Dongfang enfourche sa moto pour partir découvrir son pays. Il prévoit de voyager un ou deux ans. Mais au bout de dix jours, il voit à la télévision et sur des affiches que sa tête est mise à prix. On le recherche pour agissements contre-révolutionnaires. Alors il se livre de lui-même à la police, et atterrit en prison. Il y croupit 22 mois, est torturé, il contracte la tuberculose. Ses geôliers finissent par le relâcher, par crainte d'être tenus responsables de son décès.

Han Dongfang parvient à trouver de quoi aller se faire soigner aux Etats-Unis, il y perd un poumon, mais recouvre la santé. «J'avais promis à mes amis de ne pas les laisser tomber, je suis donc retourné en Chine, via Hong Kong», se souvient cet homme de 46 ans, converti au christianisme, qui aujourd'hui vit toujours dans l'ex-colonie britannique.

«A peine de retour en Chine populaire, un officier m'a déclaré que je n'étais pas le bienvenu, je violais la Constitution. J'ai répondu que dans ce cas, ma place était dans une prison chinoise. Ils n'ont rien voulu savoir, la décision de me refouler était d'ordre politique. C'est là qu'ils ont découvert dans mon passeport ce visa pour la Suisse. J'avais participé quelques jours plus tôt à une conférence syndicale à Genève, on m'avait délivré un visa à entrée multiple, alors que je n'en voulais qu'une seule. Là, il leur était facile de me refuser en Chine, puisque j'avais ailleurs où aller. Je me suis installé à Hong Kong.»

Depuis, Han Dongfang continue de militer pour les droits des travailleurs de Chine. Il a fondé le «China Labour Bulletin» et anime une émission sur «Radio Free Asia». Optimiste par nature, il estime que, oui, la Chine a changé.

«Si des avocats, des journalistes sont arrêtés pour leurs idées, c'est parce qu'ils osent les exprimer», affirme-t-il. «Ils osent défendre les causes perdues, défier le pouvoir en place.»

Et Han Dongfang de préciser que: «Ce n'était pas le cas il y a seulement dix ans. Bien des changements vont dans le bon sens, grâce aux gens courageux, mais grâce aussi au Parti communiste. Regardez notre histoire: toutes les révolutions visaient l'empereur, qui a toujours été remplacé par un nouvel empereur. Le résultat, c'est que depuis 2000 ans, nous avons sacrifié des centaines de millions de vies humaines pour rien. Il est temps de sortir de ce cercle et de se concentrer sur la vie des gens. Peu m'importe si le Parti communiste reste au pouvoir 20 ans, 50 ou même un siècle, pour autant qu'il change sa façon de diriger le pays.» /AAR

Cet article est repris du site www.swissinfo.ch

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