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L'éclatement de la Yougoslavie expliqué par un sociologue

La dispersion des peuples en ex-Yougoslavie n'a jamais été comprise par les grands de ce monde. C'est l'une des raisons évoquées par le sociologue serbe, né en Bosnie, Milo Petrovic, à l'explosion de son pays. Ce qui ne jouait aucun rôle sous le communisme a entraîné le pays dans l'abîme.

29 sept. 2009, 08:14

«LaBosnie-Herzégovine représentait la Yougoslavie en petit. On aurait voulu une Bosnie unie, mais pas musulmane», explique Milo Petrovic, sociologue à Belgrade. Le 29 février 1992, les Bosniaques votaient l'indépendance. En avril, la Communauté européenne reconnaissait son indépendance. L'encerclement de Sarajevo par les forces serbes pouvait commencer.

Ce soir à La Chaux-de-Fonds, Milo Petrovic évoquera le film des événements qui ont conduit l'ex-Yougoslavie à l'éclatement. Sur une terrasse de Neuchâtel, il nous a proposé un avant-goût de sa conférence, avec les indispensables rappels historiques. «Si j'expliquerai pourquoi la fédération yougoslave a explosé, il est important de se souvenir aussi qu'elle a fonctionné durant 30 ans», amorce le professeur de sociologie à l'Université de Belgrade.

«Dans les années 1950, l'idée d'indépendance était déjà là. Mais nous étions un modèle d'autogestion. A la tête des non-alignés qui regroupaient une centaine de pays. Tito y était très actif», souligne Milo Petrovic. La mort de Tito, en mai 1980, va accélérer le démantèlement de la Yougoslavie. Pour le sociologue, les premiers signes apparaissent en avril 1981. Au Kosovo, des manifestations d'étudiants sont réprimées violemment. Le 4 avril 1981, une manifestation silencieuse à Belgrade dégénère.

«C'était inquiétant. Le régime tentait de nous faire croire que nous étions toujours les meilleurs du monde. Et, pour ceux qui posaient des questions, la répression se durcissait. La crise est réelle. L'ascension de Slobodan Milosevic se fait dans ces conditions.»

La structure ethnique change au Kosovo. Dans les années 1990, on y trouvait 80-85% d'Albanais. «Le Kosovo était la région la plus pauvre du pays.» Les Serbes se sentent menacés et s'enfuient. Slobodan Milosevic prend ce prétexte pour consolider la peur. «Tito maintenait cet équilibre ethnique fragile, le président croate Franjo Tudjman a agi comme un éléphant en exploitant le nationalisme.»

Fin 1990-début 1991, la reconnaissance de la Slovénie puis de la Croatie par l'Allemagne et les Etats-Unis est un tournant. «Franjo Tudjman a eu une rhétorique ambiguë qui a pu faire penser au passé profasciste de la Croatie. Quand on a reparlé des Oustachis, le discours a choqué à Belgrade. Dans ce contexte dangereux, les intellectuels serbes ont été irresponsables, ils n'auraient pas dû entrer dans ce jeu.»

Pour lui, l'indépendance de la Croatie a entraîné la montée du nationalisme en Serbie, puis le conflit. Pourtant, en 1989, il régnait une grande tolérance interethnique: «On célébrait de nombreux mariages mixtes. En une année, le pays s'est enflammé.» /JLW

La Chaux-de-Fonds, Club 44, mardi 29 septembre, 20h

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