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En voiture avec un conducteur du funi Neuveville - Saint-Pierre

Qu'ils travaillent le cuir, le fer ou le bois, des artisans qui se font rares exercent encore aujourd'hui leur profession en perpétuant des méthodes et des gestes traditionnels.

20 juil. 2011, 15:29

Long de 126 mètres, le funiculaire Neuveville - Saint-Pierre de Fribourg est un résistant. Créé en 1899, il fonctionne, aujourd'hui encore, à l'aide de son système d'origine à contrepoids d'eau. Même s'il a subi quelques rénovations techniques et modernisation, le funiculaire fribourgeois a conservé son cachet d'antan et nécessite toujours la présence d'un conducteur dans chacune des voitures durant le trajet. En Suisse, comme un peu partout ailleurs, il y a une tendance à l'automatisation. Les funiculaires d'époque ont souvent été supprimés et remplacés par des cabines automatiques. A Fribourg, en raison de sa technique particulière, le funiculaire Neuveville - Saint-Pierre ne peut s'en passer, même si la question s'est posée à plusieurs reprises (lire ci-dessous). Trois conducteurs fixes et un temporaire se relaient, sept jours sur sept, pour acheminer les voyageurs de la Basse-Ville à la place Georges-Python. Erwin Müller est un des conducteurs du funiculaire fribourgeois depuis treize ans: «Avant cela, j'ai été chauffeur de bus pendant 25 ans. J'ai eu envie de changer et j'en suis ravi. C'est beaucoup moins stressant de travailler ici, c'est même apaisant», explique-t-il.

Des statistiques bien entretenues

D'une capacité maximale de vingt personnes, l'engin transporte jusqu'à 1600 personnes par jour en plein été durant les jours de piscine (réd: la piscine de La Motta se situe en Basse-Ville). Dans son petit cahier jaune, Erwin Müller tient ses statistiques: «Je note l'heure de départ de chaque trajet et le nombre de passagers.» Le rôle des conducteurs est multiple: «Au-delà de conduire le funiculaire, nous devons aussi contrôler les tickets de transports. Comme l'automate à billets ne rend pas la monnaie et afin d'arranger les gens, j'ai toujours 100 fr. en monnaie sur moi», note l'agent avec fierté. Le contact avec les voyageurs est également une particularité de ce métier: «Nous discutons volontiers avec eux. Lorsqu'ils prennent le funiculaire, ils sont globalement moins stressés que dans le bus. Il y a aussi beaucoup de touristes, alors nous sommes aussi guides touristiques à nos heures perdues», ironise-t-il.

Mais le quotidien d'Erwin Müller et ses collègues ne sent pas toujours la rose. Le funiculaire fonctionne à contrepoids d'eau, et l'eau utilisée n'est autre que les eaux usées de la ville. A chaque descente, le véhicule amont se remplit de quelque 1500 litres d'eaux usées, et ainsi lestée, la voiture entraîne dans sa descente la voiture montante grâce à un câble qui les relie. Chaque départ est ainsi anticipé par un lâcher d'effluves plus que suspect. «Le funiculaire, c'est vrai, c'est le truc qui pue. Si on n'est pas un amoureux du bois et du métal, de l'antiquité et de la nostalgie, il ne faut pas travailler ici, car ça pue et on sent mauvais. Mais on s'y fait», confie le conducteur.

Pour l'anecdote, des carences en matières fertilisantes des Fribourgeois peuvent engendrer un manque pour le funiculaire, qui est compensé en pompant dans la nappe phréatique. A chaque saison ses avantages et inconvénients: l'odeur est particulièrement forte les jours chauds d'été, en revanche, l'hiver, il fait très froid et il y a moins de monde. «C'est parfois très pénible, mais j'ai trouvé la solution», raconte Erwin Müller. «Je prends toujours le potage avec le menu du jour et ça me réchauffe, c'est radical.»

Les Fribourgeois ne lâcheraient leur funiculaire pour rien au monde. Sûr, solide, pratique et surtout écologique, l'engin a encore de belles années devant lui. Aucune crainte donc non plus pour le métier de conducteur du funiculaire Neuveville - Saint-Pierre. Erwin Müller ne s'en fait pas tant, lui qui sera retraité l'an prochain.

Et, le cas échéant d'un arrêt définitif de ce transport public pas comme les autres, il y a toujours les 400 marches qui jouxtent le funiculaire et relient la Basse-Ville et la place Georges-Python pour les plus courageux…

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