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«En matière de sécurité, l’évolution est constante»

D’importantes ressources sont déployées sur les sites de l’Hôpital neuchâtelois pour anticiper les risques, gérer la qualité, coordonner les vigilances. Entretien avec Ronan Beuret, ingénieur à la tête de l’Unité qualité.

22 oct. 2018, 00:01
Soins continus Hopital La Chaux-de-Fonds

La communauté médicale a récemment établi que les sondes urinaires sont l’une des premières causes d’infections nosocomiales. 13 à 40% des infections rencontrées dans les unités de soins sont d’origine urinaire, rapporte la Revue médicale suisse. Ce constat implique une nouvelle approche thérapeutique. A l’Hôpital neuchâtelois (HNE), la riposte ne s’est pas fait attendre: l’établissement s’est associé dès 2015 à un programme pilote qui soumet l’utilisation de ces cathéters à des règles plus strictes. L’objectif est d’en poser moins (et uniquement sur la base d’une indication précise), moins longtemps (la pertinence est vérifiée quotidiennement), d’une manière plus sûre (pose et soins ne sont effectués que par des professionnels spécifiquement formés). L’HNE figure parmi les sept hôpitaux qui ont pris part à ce projet lancé par Sécurité des patients Suisse en partenariat avec Swissnoso. «Le programme a atteint ses objectifs, ont conclu récemment les initiateurs: le recours au cathéter ainsi que les complications non infectieuses ont reculé dans les hôpitaux pilotes.»

Précurseur

Pour faire adopter ces nouvelles normes par tous les soignants de l’hôpital, d’importantes ressources ont été mobilisées à l’interne. Un groupe de travail, coaché par l’Unité qualité de l’HNE, s’est chargé de former les collaborateurs concernés, soit près de mille médecins, infirmiers et sages-femmes... Cela dit, cet investissement est loin d’être une exception: depuis sa création en 2006, l’Hôpital neuchâtelois a concrétisé de nombreux projets portant sur la qualité des soins et la sécurité des patients, dont plusieurs en tant que précurseur.

«L’évolution est constante», résume l’ingénieur Ronan Beuret en charge de l’Unité qualité, «des changements sont introduits en permanence. Cela va des changements de matériel - comme un nouveau modèle d’aiguilles que nous venons d’adopter parce qu’il est plus sûr que le précédent - jusqu’à de profondes modifications de procédure qui impliquent des dizaines de collaborateurs. Un exemple emblématique, c’est la check-list introduite pour les opérations chirurgicales: il s’agit d’un questionnaire en plusieurs volets qui doit être complété par chaque intervenant, à cinq étapes différentes (dans l’unité, à l’entrée du bloc opératoire, avant l’endormissement, avant l’incision, avant la sortie de la salle d’opération). Si l’une des cases n’est pas remplie, le processus s’arrête!» Actuellement, l’unité développe un processus qui porte sur la préparation et l’administration des médicaments. La finalité est de renforcer les contrôles à chaque étape, jusqu’à la prise du traitement par le patient.

Gestion prospective des risques

L’unité Qualité travaille avec les directions des départements en concertation avec la direction générale. Son cahier des charges comprend notamment la gestion des incidents, l’évaluation des pratiques professionnelles, la gestion prospective des risques, la coordination des vigilances réglementaires (matério, hémo, pharmaco et infectiovigilance). L’HNE étant astreint aux normes de radiovigilance et de radioprotection, Ronan Beuret collabore avec les physiciens et les radiologues. «Une coordinatrice s’occupe spécifiquement du respect des règles dans tous les secteurs qui émettent des rayons ionisants. Dans ce domaine comme dans d’autres, nous sommes soumis à la réglementation fédérale. Mais pour certains d’entre eux, nous allons plus loin que le minimum légal.»

L’une des tâches de l’unité qualité consiste à recueillir les signalements d’incidents par tous les collaborateurs. Un formulaire sur le réseau intranet les invite à faire remonter un événement, anonymement ou non, ou d’émettre une suggestion. Selon sa nature, l’information sera relayée à un cadre ou à l’un des huit groupes de gestion d’incidents de l’HNE issus des services hospitaliers. L’Unité qualité accompagne toute la démarche, jusqu’à la mise en place des mesures correctives. Etre à l’écoute des remarques des soignants a permis de faire diminuer les chutes dans l’Unité de gériatrie aigue créé en 2016. «Dès son ouverture, le personnel infirmier a été incité à communiquer les incidents qui pouvaient survenir dans le service. Cela nous a conduits à améliorer l’éclairage, la signalétique et l’ergonomie. L’impact pour les patients a été direct, car le nombre de chutes a sensiblement diminué.»

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