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Elle lève le voile sur le mystère de la disparition des abeilles

Un mal inexpliqué frappe les colonies d'abeilles du monde entier. Natacha Calestrémé, documentariste française, y voit la marque d'un coupable unique incarné par les pesticides. Une théorie qui fait son petit bonhomme de chemin et qui se trouve au cœur de son film «La disparition des abeilles, la fin du mystère».

28 août 2009, 09:13

Des poignées d'abeilles inertes, des tapis de cadavres rayés jaune et noir, d'autres butineuses disparues sans laisser de traces, des ouvrières errant à même le sol, perdues à quelques mètres de la ruche. Quel mal touche, depuis une vingtaine d'années, le petit monde de l'apiculture? Et depuis trois ans l'ensemble des apiculteurs des pays industrialisés?

Agriculture intensive, smog électromagnétique, bactéries, virus, champignons, les hypothèses ne manquent pas. En tête de liste le varroa destructor, une «tique» importée d'Asie dans les années 1980 et qui affaiblirait les colonies au point de les mener à leur perte. En aspirant leur «sang» d'une part, mais, d'autre part et surtout, en servant de vecteur à divers virus.

Environnementaliste française, Natacha Calestrémé n'est de loin pas convaincue par cette théorie. Pour son film «La disparition des abeilles, la fin du mystère», elle a rencontré de nombreux chercheurs et en a conclu que le varroa destructor comme les autres agresseurs des abeilles s'en tiennent aux seconds rôles dans ce thriller environnemental. La vedette, une caste de tueurs bien plus sournois, serait à l'œuvre. Herbicides, fongicides et autres insecticides, toute la clique des pesticides saperait ainsi les défenses immunitaires de nos chères butineuses, ouvrant la voie à d'autres agresseurs.

Natacha Calestrémé, pourquoi parler d'une cause unique alors que les suspects se bousculent au portillon?

Dire en permanence qu'il y a des causes multiples, c'est tenter de se dédouaner: «Ce n'est pas moi, c'est l'autre!» Cette attitude me dérange vraiment. Avec ce film, je voulais attirer le regard sur une situation que je juge grave. Je trouvais que les gens ne disposaient pas de l'information nécessaire.

Vous tirez à boulets rouges sur les pesticides mais des colonies d'abeilles sont aussi touchées dans des zones reculées?

C'est vrai. On peut aussi trouver des problèmes chez des colonies qui sont proches de cultures bio. Dans ce cas, deux hypothèses peuvent l'expliquer. Une première liée à l'eau s'appuie sur une étude récente qui montre que 90% des eaux de surface contiennent des pesticides. La seconde se base sur le fait que la plupart des insecticides, herbicides et fongicides sont liposolubles. Dissolvables dans les corps gras comme la cire par exemple. Comme il faut 10 kilos de miel à une abeille pour produire un kilo de cire, un apiculteur intelligent fournira, lui-même, ce matériau aux abeilles pour récolter un maximum de miel. Mais en recyclant la cire d'une année à l'autre, les produits dangereux s'y accumulent: des produits chimiques liés à l'agriculture, mais aussi des médicaments utilisés par les apiculteurs pour lutter contre le varroa par exemple. En France, bien que les organochlorés (réd: famille d'insecticides) aient été interdits il y a dix ans, on a pu en retrouver dans des cires de 2008. Et cette accumulation peut conduire à des mélanges - même ceux interdits par les firmes chimiques elles-mêmes - responsables de véritables hécatombes.

De manière générale, les scientifiques se refusent à établir un lien clair entre l'utilisation des pesticides et la disparition des abeilles à grande échelle.

Le Dr Bonmatin (Centre national de la recherche scientifique) et le Professeur Colin (Laboratoire de pathovigilance et de développement apicole de Montpellier) en ont pourtant fait la démonstration. Et puis que pouvons-nous faire? Eradiquer le varroa de la planète, éliminer tous les virus et pathogènes de nos champs? Non. Baisser la pression chimique de la surface terre: oui. Nous avons besoin de la chimie, c'est évident, mais nous pouvons diminuer de manière drastique notre consommation.

Vous reconnaissez avoir eu des difficultés à faire parler les apiculteurs du mal qui touchent leurs ruches. Comment expliquez-vous leurs réticences?

La première raison réside dans le fait que les apiculteurs ne sont pas assurés contre la perte des abeilles. Ils n'ont aucun intérêt à parler puisqu'ils ne sont pas remboursés. Au contraire, ils craignent d'avoir l'air ridicule, voire, dans le cas de ceux qui souhaitent vendre des reines, de ne plus pouvoir le faire. Il faut aussi comprendre que c'est un petit monde. Je suis heureuse parce qu'au final, ils ont plébiscité le documentaire. /YHU

Le dvd du documentaire est disponible via www.natachacalestreme.fr

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