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Eceh sème la mort et la zizanie

03 juin 2011, 11:32

Une semaine après l'apparition de la bactérie tueuse E. coli (Eceh), le bilan est très lourd. Sur le terrain sanitaire, l'Allemagne a annoncé hier un nouveau décès: une femme âgée qui a succombé dans un hôpital de Hambourg, épicentre de l'épidémie. Cela porte le bilan à 18 victimes dont 17 outre-Rhin et une autre en Suède.

Sur la scène diplomatique, la bactérie d'origine inconnue sème la discorde en Europe. La Commission européenne et l'Allemagne sont prises à partie. L'Espagne, premier pays incriminé dans cette affaire, reproche à Bruxelles d'avoir pris pour argent comptant la thèse des autorités sanitaires de Hambourg mettant en cause des concombres bio andalous comme porteurs de la bactérie mortelle E. coli. Pour finalement lever l'alerte mercredi soir, soit six jours après avoir semé la panique. «La Commission a été lente à réagir, a exprimé hier le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero. J'aurais aimé une réaction plus claire de Bruxelles, surtout en clarifiant ce que sont les règles du jeu dans l'Union européenne en ce qui concerne les frontières.» Ce dernier a en outre critiqué l'«erreur fracassante des autorités allemandes.»

Le front de la discorde s'est élargi hier hors des frontières de l'Union européenne. Moscou, toujours prompt à agir de façon unilatérale en matière de commerce international, a décrété hier un embargo sur les légumes frais en provenance de l'Union européenne. Pour mémoire, la France, l'Allemagne et la Pologne sont les premiers pays exportateurs de fruits et légumes vers la Russie et donc les premiers visés. «Une interdiction d'importer des légumes frais des États membres de l'UE prend effet ce hier matin», a déclaré Guennadi Onichtchenko, directeur de l'agence russe de défense des consommateurs. L'Europe ne compte pas croiser les bras. «Le commissaire à la Santé John Dalli va envoyer une lettre aux autorités russes dans les heures qui viennent pour dire que c'est disproportionné», a expliqué un porte-parole à Bruxelles. Les Émirats arabes unis ont eux aussi interdit l'importation de concombres de plusieurs pays européens.

Dommages et intérêts

Dans le domaine économique, les dommages causés sont considérables non seulement pour l'agriculture espagnole, mais aussi pour celle de ses voisins portugais, français, allemands et hollandais. Des pays producteurs de légumes qui ont subi eux aussi le contrecoup de l'incrimination qui a pesé sur le concombre et par ricochet sur l'ensemble des légumes frais. Ces pays comptent également demander à Bruxelles des dommages et intérêts pour les préjudices subis. «Nous ne vendons plus aucun concombre, nous allons être obligés de les broyer, se lamente Angélique Delahaye, présidente des Producteurs de légumes de France, elle-même productrice en Touraine. Le manque à gagner pour la profession est considérable: 1,5 million d'euros en une semaine alors que le temps se prête à la consommation de crudités», poursuit-elle.

Dans la foulée, les tomates et la salade sont boudées par le consommateur, mais dans de moindres proportions que le concombre. «Le cours de la tomate chute de 5 et 10 centimes le kilo, et celui de la laitue, autour de 25 centimes pièce, est en dessous du coût de production», remarque-t-elle.

Comme les 2 000 exploitants de concombres français, elle attend demain l'huissier pour constater ses pertes.

Pour l'agriculture espagnole, qui approvisionne plus du quart du marché européen en concombres, la facture est encore plus lourde. En une semaine la péninsule ibérique a vu ses exportations s'effondrer non seulement sur ce produit mais sur l'ensemble de ses légumes. La Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Fepex) a évalué les pertes «à environ 200 millions d'euros par semaine» pour l'ensemble du secteur, évoquant un «effet domino» sur les autres produits espagnols.

Le commissaire européen Dacian Ciolos a entendu les maraîchers, dont certains en Europe sont déjà touchés par la sécheresse. «Nous allons examiner toutes les solutions pour venir en aide aux producteurs, indiquait hier un porte-parole à Bruxelles. La semaine prochaine se tiendra une réunion des experts européens agricoles pour chiffrer un premier impact économique de la bactérie sur les marchés.»

La Fepex a évalué les pertes à environ 200 millions d'euros par semaine.

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