Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Dur apprentissage du renouvelable

06 sept. 2011, 11:05

Malgr? les efforts et les investissements de ces derni?res ann?es, les ?nergies renouvelables constituent encore un vaste chantier pour les investisseurs publics et priv?s. Professeur et directeur de la chaire de Gestion des syst?mes ?nerg?tiques ? l'Ecole polytechnique f?d?rale de Lausanne, Hans B. P?ttgen revient sur le dossier.

La r?tribution ? prix co?tant du courant inject? (RPC) est-elle suffisante au d?veloppement des ?nergies renouvelables?

Non, la RPC est un outil. Le syst?me fonctionne avec une enveloppe annuelle (r?d: 247 millions de francs) qui est r?partie entre la petite hydraulique (r?d: jusqu'? 10 MW), le photovolta?que, l'?olien, la g?othermie et la biomasse. Si l'on y regarde de plus pr?s, alors que pour le solaire la caisse est vide, que des milliers de dossiers sont en attente, la part d?volue ? l'?olien, n'a, ? ma connaissance, pas ?t? totalement distribu?e - en partie du fait des oppositions contre cette technologie.

Si la RPC permet donc de financer le d?veloppement des ?nergies renouvelables, elle n'a rien de la panac?e. Elle ne doit pas ?tre consid?r?e comme la seule solution. Une soci?t? comme Romande ?nergie (RE) s'est ainsi lanc?e, sans subvention de la RPC, dans la pose de panneaux photovolta?ques sur les toits de l'EPFL (18 000 m2 et 2 MWcr). Si elle avait choisi l'option RPC, elle aurait d? int?grer cette production au r?seau Swissgrid (r?d: soci?t? nationale pour l'exploitation du r?seau de transport ?lectrique). Mais, en l'occurrence, elle peut int?grer l'?nergie produite dans son propre portefeuille d'offre. Le cas de RE n'est qu'un exemple. Ce que je souhaite expliquer, c'est que lorsque l'on entend dire qu'il n'est pas possible de d?velopper des projets parce que la caisse des subventions est vide, ce n'est pas vrai. On peut aussi agir sans subvention.

Vous ?voquez ici un cas particulier, mais les entreprises ?lectriques ont-elles, de mani?re g?n?rale, la volont? d'investir?

La question de l'argent est ?videmment importante, mais les investisseurs sont l?, pr?ts. Ils ont cependant besoin d'un environnement politique stable pour cela.

Prenons l'exemple du projet de la centrale ? cycle combin? au gaz naturel de Chavalon. Les autorit?s ont chang? d'avis deux fois en moins d'une ann?e concernant les ?missions de CO2 de la centrale qui devraient ?tre compens?es en Suisse et ? l'?tranger. En d?finitive, sur les 100% devant ?tre compens?s, au moins 70% devraient l'?tre en Suisse et pas plus de 30% ? l'?tranger. Cela peut sembler anodin, mais la production domestique d'?lectricit? se fait pratiquement sans ?missions de CO2. Ce qui, au regard des exigences du Parlement, rend le projet de Chavalon nettement moins attrayant. Cet exemple illustre bien l'instabilit? qui entoure les questions ?nerg?tiques en Suisse, alors que c'est bien de calme dont auraient besoin les investisseurs.

Doit-on y voir le principal frein au d?veloppement des ?nergies renouvelables?

Le vrai probl?me des ?nergies renouvelables se trouve dans le stockage. Il faut pouvoir stocker l'?nergie produite qui ne peut ?tre utilis?e tout de suite.

A titre d'exemple, les maisons z?ro ?mission sont souvent, ? tort, per?ues comme des b?timents vierges de toute consommation d'?nergie tout au long de l'ann?e. Ce sont effectivement des maisons tr?s bien isol?es, thermiquement efficientes, mais au niveau de leur consommation ?nerg?tique, seul leur bilan annuel est en ?quilibre. Il ne faudrait surtout pas ?couper le fil?, les d?connecter du r?seau. Sans capacit? de stockage, une maison de ce type fournit du courant au r?seau en ?t?, mais en hiver, elle a besoin d'un appoint de la part de celui-ci.

La Suisse, elle aussi, ?change du courant tout au long de l'ann?e avec ses voisins. Ainsi, en 2010, elle a ?t? importatrice entre octobre et mars, soit six mois. Dix ans auparavant, elle ?tait exportatrice pendant onze mois. Ce qui s'explique, entre autres, par le fait que la consommation a nettement augment? et que dans le m?me temps nous n'avons pratiquement pas augment? les capacit?s de production.

Revenons maintenant au cas de la maison z?ro ?mission. Lorsqu'en ?t?, celle-ci produit de l'?nergie ?lectrique en surplus de sa consommation propre, la production suisse est d?j? exc?dentaire. Vous me direz qu'il suffit de faire des r?serves, de faire fonctionner les installations de pompage-turbinage et de remonter l'eau dans les barrages, d'actionner le ?poumon ?lectrique? du pays. Sur le principe vous auriez raison, mais si l'on regarde l'?tat des barrages ? cette p?riode, on se rend vite compte qu'ils sont d?j? pleins. Il faudrait donc, par exemple, rehausser les barrages pour pouvoir pleinement valoriser cette production d'?nergie solaire.

O? se situe le probl?me?

Au-del? des oppositions d'associations de d?fense de l'environnement, se pose la question du financement. Les subventions sont g?n?ralement attribu?es ? des projets de construction destin?s ? la production et non au stockage. La production est essentielle mais, ? terme, le stockage et aussi le transport vont n?cessiter d'importants investissements. En plus de l'eau, de son accumulation dans les barrages que j'ai d?j? cit?e, les pistes de stockage r?sident dans l'air comprim? ou encore dans les batteries. Dans ce dernier cas, ce n'est vraiment pas facile. Et surtout, tout ceci a un co?t.

Des pistes ? sugg?rer?

Je ne sais pas si l'exemple qui suit est encore d'actualit?. Au Portugal, il y a quelques ann?es, lorsque l'on souhaitait construire un parc ?olien le long de la c?te, le projet devait obligatoirement ?tre accompagn? d'un volet consacr? au stockage. Plus qu'un investissement suppl?mentaire, une garantie pour l'avenir.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias