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Dernier hommage à la grande Annie Girardot

05 mars 2011, 08:34

Atteinte d'Alzheimer, Annie Girardot s'est éteinte lundi passé, victime de la maladie la plus cruelle qui soit pour une comédienne. Sociétaire de la Comédie-Française dès 1954, cette ex-infirmière diplômée a connu une carrière en dents-de-scie, victime plus ou moins consentante de son statut d'actrice très populaire ou d'un tempérament trop généreux, c'est selon… Mais qu'importe, la Girardot nous a octroyé assez de fulgurances pour oublier la médiocrité de certains titres parmi les cent douze que compte sa filmographie! Elle reste ainsi inoubliable en Nadia, dans «Rocco et ses frères» (1955) de Luchino Visconti, où elle mourait déjà sous les coups de couteau de son amant désespéré, Simone, interprété par Renato Salvatori, qu'elle épousa après le tournage, un mariage malheureux, comme préfiguré par le grand Visconti!

Partageant sa carrière entre la France et l'Italie, Girardot a joué sur le territoire transalpin des rôles souvent casse-gueule, réservant aux spectateurs français son personnage autrement rassurant de Madame Tout-le-Monde qui, dans les années septante, aura fait d'elle l'une des actrices les plus appréciées du grand public. C'est avec le provocant Marco Ferreri qu'elle a risqué le plus son image. Femme à migraine de Michel Piccoli dans «Dillinger est mort» (1968), elle s'y faisait derechef tuer, cette fois à coups de revolver, par son mari qui tentait de se libérer de son existence aliénante. A l'époque, Jean-Luc Godard définit son interprétation comme «merveilleuse d'évidence». Malgré un César de la Meilleure actrice pour «Docteur Françoise Gailland» (1976), Girardot a connu une éclipse dans les années quatre-vingt, due plus aux égarements de sa vie privée qu'à un désamour des cinéastes. Pour notre bonheur, elle a pu relancer sa carrière grâce à des réalisateurs comme Bertrand Blier («Merci la vie», 1990) et surtout Michael Haneke qui lui a offert son dernier grand rôle, en mère étouffante d'Isabelle Huppert dans «La pianiste» (2001), avec un nouveau César à la clef… Peu après, Alzheimer commençait à lui souffler ses répliques insensées.

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