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Dans la poussière, Pisco tente de reconstruire la vie

A trois heures de route de Lima, Pisco peine à sortir la tête du sable. Seize mois après le tremblement de terre de 7,9 sur l'échelle de Richter qui a touché la région, une épaisse pellicule de poussière recouvre encore la ville, renforçant l'ambiance lunaire.

31 mars 2009, 04:15

Seule une partie des 70 000 maisons détruites ou fortement endommagées ont été reconstruites. Le long des rues, les quartiers sont parsemés d'espaces vacants et de murs abandonnés. Après le séisme, 130 000 personnes se sont approprié les terrains aux alentours de la ville, formant des cantonnements qui auraient dû rester provisoires. L'inefficacité de la municipalité et du gouvernement les aura fait devenir les nouveaux quartiers de Pisco.

Au sud de la ville, derrière le château d'eau partiellement actif de San Clemente, les campements ont grandi, cachant l'horizon, grignotant le désert, sous le regard indifférent de la municipalité. «La Paracas», un vent puissant soulève le sable, sans jamais reprendre son souffle. La population vit dans des cabanes de briques pour les plus chanceux. Module préfabriqué, plastique, tente d'ONG et canne à sucre tressée s'entremêlent pour former le reste de ces lotissements populaires. Le sol est invariablement sec, et en ce début de printemps, le soleil est déjà aveuglant. Sous les abris, en plein été, l'air devient irrespirable. Epais, lourd, brûlant.

Depuis 16 mois, les campements tentent de se réorganiser. Les communautés sont souvent gérées par une femme. Elle est le maillon essentiel d'une structure organisationnelle stable. Grâce à la volonté et avec l'aide des ONG, la vie sociale reprend peu à peu sa place, malgré l'inconfort des lieux.

Carolina, responsable de secteur pour Terre des hommes, se faufile d'un pas engagé dans les ruelles étroites faites de parois de bambou. Dans une cour, des vêtements sèchent au-dessus de dizaines de tonneaux remplis d'un liquide noir et épais, sans doute le stock d'un maigre gagne-pain. L'odeur envahit l'air et donne la nausée, mais ne dérange pas Carolina.

Elle montre fièrement un cube de contreplaqué de deux mètres trente de haut et demande à un petit garçon d'ouvrir la porte du module. A l'intérieur, rien. Si ce n'est deux formes de pieds en relief sur un socle de ciment avec au centre un trou, recouvert d'une pièce de bois. Des toilettes! Sans système d'égout ni eau courante, les toilettes sont sans conteste l'élément essentiel garantissant une bonne hygiène, vitale à l'ensemble du campement. Le dynamisme de la déléguée a fortement contribué à la bonne tenue de l'opération de Terre des hommes, qui, avec l'aide des habitants, a pu mettre en place des dizaines de toilettes.

Sur l'ensemble du projet, l'association a contribué à la construction de 400 latrines. Durant la période d'urgence, le gouvernement avait mis en place des toilettes chimiques, mais celles-ci devenues inadaptées ont disparues. Aujourd'hui les autorités se font discrètes, incapables de faire face à la reconstruction de la ville.

Carolina rejoint l'artère principale et siffle le rassemblement. «Ce soir nous avons une réunion, nous devons parler, régler plusieurs problèmes.» Le sifflet à la bouche, elle alerte les citoyens qui se retrouvent bientôt alignés, chez elle. Ils parlent de l'eau, du chlore qu'il faut rajouter. Combien et comment? Un petit sketch sert à donner les informations nécessaires à une bonne hygiène. Sous la tenture à peine éclairée, le public rit, et le message passe. C'est l'exemple parfait du dynamisme dont fait preuve une partie de la population. Récupérant à chaque fois un peu de la vie d'avant. /MRO

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