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Cap sur les paradis nordiques

La visite d'une île est toujours précédée par son mythe: si cocotiers et sable blanc illustrent le cliché tropical, icebergs et aurores boréales entretiennent l'imagerie polaire. Longtemps réservées aux voyageurs aguerris, les destinations nordiques se popularisent plus rapidement que la fonte des banquises, offrant aux croisiéristes des frissons inédits. Bernard Pichon les a éprouvés.

31 août 2009, 08:00

Bienvenue à bord du MS Fram, bâtiment de la Compagnie Hurtigruten, spécialement conçu en 2007 pour louvoyer sans danger entre les icebergs groenlandais! Que penseraient les agrestes Vikings de ce navire high-tech, offrant au voyageur gâté tout ce dont il ne saurait désormais se passer: climatisation, saunas, jacuzzis, et autre Internet?

A bord, Steffen Biersack - géologue expérimenté -, le proclame carte à l'appui: nous longeons la plus grande île du monde, continent australien excepté: 62 fois la Suisse. En une semaine, nous ne frôlerons qu'une infime partie de ce territoire démesuré… assez, cependant, pour fixer ses espaces minéraux infinis, ses reliefs enneigés, mais aussi ses collines verdoyantes de mousses et lichens.

«J'en mettrais bien deux dans mon whisky!», plaisante un passager en contemplant le défilé ininterrompu des icebergs à travers les larges baies vitrées du salon panoramique. Connaît-il seulement l'origine de ces morceaux de glaciers détachés de la côte pour se disperser en pagaille? A en croire le capitaine, dans la baie de Disko, où nous allons jeter l'ancre, certains peuvent atteindre 100 m de haut.

Ici, 30% de la population a moins de 18 ans. Aux ados s'échauffant sur un poussiéreux terrain de foot, je demande le chemin de l'église (j'ai déjà remarqué qu'il n'y a pas de route, mais seulement des sentiers herbeux ponctués de passerelles aux endroits les plus humides). On me conseille de passer par l'épicerie, qui fait aussi office de bureau postal. C'est un petit détour, mais il évite au moins de croiser les meutes de chiens de traîneaux qu'une sous-alimentation estivale peut rendre agressifs.

Dans un contexte où les divertissements ne sont pas légion - en dehors du ski et autres activités de plein air - je devine que la religion s'emploie à souder une communauté coupée de ses anciens repères chamanistes, et dont l'alcoolisme peine à diluer le désœuvrement saisonnier ou l'angoisse d'un splendide isolement.

Pour explorer un décor plus «extraterrestre» encore, c'est l'Islande qu'il faut viser: un environnement si lunaire qu'Armstrong et l'équipage d'Apollo 11 étaient venus s'y entraîner!

A peine sorti de l'avion, une lumière violente et cristalline saisit l'iris. Elle révèle les étranges nuances d'une lave noire ou marron, parfois tapissée de lichens jaunâtres ou de grimmia moussue, luxuriante moquette vert pâle. Plus loin, à proximité des sources et des geysers bouillonnants, les reliefs tourmentés se parent de couleurs plus chatoyantes, auxquelles les eaux turquoises d'un lagon fumant conféreraient des allures polynésiennes, n'était l'absence de toute végétation.

Ce territoire qui gronde toujours n'a pourtant pas découragé ses premiers explorateurs, dont les sagas folkloriques perpétuent les hauts faits depuis le Moyen-Age. Proscrits, notables, opposants aux monarchies danoise ou norvégienne arrivés par vagues successives ont constitué un peuple jaloux de son indépendance et de la pureté de sa langue (le scandinave ancien, préservé de toute contamination externe).

Aujourd'hui, dans une capitale qu'on dirait flambant neuve, tout le monde se plaint de la crise. Mais l'âme islandaise, forgée aux rigueurs d'un passé ponctué de séismes, épidémies et famines, devrait s'avérer assez aguerrie pour encaisser cette nouvelle secousse: «…c'est comme si nos décideurs s'étaient brusquement réveillés pour prendre connaissance de l'immense potentiel énergétique du pays, tirer un meilleur parti du tourisme et des poissonneries, notre richesse historique. Il était temps!», analyse Niels, étudiant en économie, en barbotant avec délice dans le Blue Lagoon, vaste centre géothermal proche de Reykjavik. Naturellement façonnés dans le magma solidifié, des petits lacs naturels attirent une clientèle de tout âge, convaincue des effets bénéfiques de l'eau chaude contre stress et mauvaise grippe.

«C'est aussi une des meilleures recettes que je connaisse contre la gueule de bois!», conclut le baigneur. /BPI

Journaliste globe-trotter, Bernard Pichon nous propose ses balades thématiques durant l'été

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