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Malgré des critiques féroces, la BBC reste indétrônable

La BBC a tiré parti de la révolution numérique en s'appuyant sur la manne annuelle de 3,7 milliards d'euros que constitue la redevance. Mais, avec la crise économique et celle des médias est venu le temps des appels à l'abolition de ses privilèges.

02 oct. 2009, 04:15

Semaine après semaine, la presse britannique a rapporté les attaques contre «l'expansionnisme», la «concurrence déloyale» voire «l'abus de position dominante» du premier groupe audiovisuel au monde: la BBC

James Murdoch, vice-président du conglomérat News. Corp de son père Rupert, a ouvert les hostilités, fin août. Ce qu'il faut c'est «une BBC beaucoup, beaucoup plus réduite». Sa taille et ses ambitions donnent «la chair de poule». «La progression du journalisme financé par l'Etat» représente «une menace pour le pluralisme», a-t-il lancé depuis Edimbourg.

«La BBC a atteint les limites du raisonnable en matière d'expansion», suggérait peu après le ministre travailliste de la Culture Ben Bradshaw, en envisageant une redistribution partielle de la redevance au profit de télévisions locales, et une réforme du BBC-Trust, l'organisme de contrôle jugé trop conciliant moins de trois ans après sa création.

Les Conservateurs qui espèrent retrouver le pouvoir en 2010, après 13 ans d'opposition, ont des visées comparables au Labour concernant la «beeb»: une cure d'austérité. Trois épisodes récents ont provoqué autant de poussées de fièvre anti-BBC (lire encadré).

Face aux attaques, Mark Thompson, Directeur Général de la BBC, a consenti une «revue stratégique» des activités du groupe qui coiffe huit chaînes de télévision nationales, 54 radios, un site parmi les plus visités d'Europe, un «world service» en 32 langues à destination de 150 millions d'auditeurs.

Thompson est catégorique. Des acquis comme l'indépendance éditoriale, le passage au tout numérique ou la gratuité d'accès à bbc.com (mal vécue par ceux qui, à l'instar de News. Corp cherchent à faire payer l'information en ligne), ne sont «pas négociables».

Pas question non plus d'aggraver sensiblement le plan qui prévoit la disparition de 20% des 24 000 emplois et de 10% des programmes sur 8 ans, conséquence d'une décision gouvernementale d'augmenter la redevance en deçà de l'inflation. Cependant, «si l'on doit procéder à des changements, ce sera dans le sens de la contraction plutôt que de l'expansion», admet Thompson.

Pour Jeanette Steemers, professeur de communication à l'Université de Westminster, l'institution BBC reste aussi indétrônable que la monarchie. Ce qui est nouveau, c'est «la férocité des attaques» et le fait qu'«elles viennent de toutes parts», de l'Etat impécunieux aux médias concurrents.

«Les griefs portent sur les contenus et le mécanisme de financement. Clairement, ils visent à la réduction de la taille et de la portée de la BBC», souligne aussi Roy Greenslade, professeur à la London City University.

En attendant, la BBC s'enorgueillit d'un allié de poids: le téléspectateur-contribuable qu'elle se doit «d'informer, d'éduquer et de divertir». Un récent sondage ICM/«Guardian» assure que 77% des Britanniques sont fiers de la BBC. 63% estiment qu'elle représente «un bon rapport qualité-prix». /DHI-afp

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