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Livre: les expressions idiomatiques coupées en quatre

Nicole Bandion s’est entourée de linguistes, de traducteurs et d’illustrateurs pour comparer les expressions idiomatiques des quatre langues nationales, et faire «D’une pierre 4 coups».

02 nov. 2020, 20:00
De gauche à droite: Marine Borel, linguiste, Ignazio Cassis, conseiller fédéral, et Nicole Bandion.

Les romanchophones ne comprennent même pas Cristo, les italophones pas un H, les germanophones que gare, et les francophones, que dalle. En revanche, les lecteurs «D’une pierre 4 coups» s’enrichissent de l’étymologie de nombreuses expressions idiomatiques venues des quatre régions linguistiques de la Suisse, comparées avec les trois autres langues, et illustrées par de nombreux dessinateurs venus des quatre coins de l’Helvétie. Un projet qui a la bénédiction du conseiller fédéral Ignazio Cassis.

Racontez-nous comment ce livre a vu le jour.

J’ai travaillé au Tessin pour la promotion de l’italien pendant quasiment onze ans, et on a beaucoup collaboré avec les écoles. L’idée était de créer des événements où l’italien venait dans les autres parties de la Suisse. Des semaines thématiques allaient de canton en canton, surtout dans les écoles gymnasiales. Pendant une semaine, on parlait et on mangeait italien dans les cafétérias, et les classes d’arts visuels créaient des projets en rapport avec la langue. Dès le début, on a travaillé avec les expressions idiomatiques, qu’on a confrontées avec la langue du lieu. Et je me suis dit que ce serait intéressant de créer un projet avec les quatre langues nationales et cette richesse en Suisse.

Quelles langues parlez-vous, vous-même?

Trois langues nationales, mais mon premier contact avec le romanche est advenu avec le livre. Et l’anglais bien sûr. Un petit peu d’espagnol aussi.

Quelle est votre relation avec ces différentes langues?

Mon père était Valaisan, et ma mère est Autrichienne. Donc j’ai grandi bilingue français et bon allemand. J’ai appris l’italien à l’école, et je le parle avec l’accent italien. Quand j’étais enfant, j’avais beaucoup d’amis d’origine italienne, et il y avait une affinité déjà à ce moment-là. Je me suis mise au suisse allemand plus tard, quand j’étais enceinte, avec le haut-valaisan en tête. Tout à coup, j’ai eu un déclic, je me suis mise à parler suisse allemand et je me suis rendu compte que je pouvais le faire. Ça a tout changé, de pouvoir travailler avec des gens dans leur langue, d’avoir une langue commune. Je pense que l’idée de Genève de sensibiliser les élèves au suisse allemand est précieuse. D’ailleurs au niveau des expressions idiomatiques, cette langue est très riche.

Qu’est-ce qui vous a le plus surprise quand vous avez fait ce livre?

La mise en confrontation entre les langues et les cultures, mais à différents niveaux. J’ai justement voulu travailler avec des illustrateurs pour avoir aussi le côté humoristique. Parce que l’humour n’est pas le même quand on est Romand, Suisse allemand ou Romanche. J’ai voulu travailler avec des dessinateurs de presse qui sont déjà reconnus par leur société. J’ai trouvé cette approche très intéressante. Pour moi, l’humour francophone ne ressemble pas du tout aux autres humours, et les autres non plus, entre eux. 

Qu’auriez-vous voulu développer davantage dans ce projet?

Un linguiste est spécialiste uniquement dans sa langue. Faire travailler quatre linguistes ensemble qui ne se comprenaient peut-être même pas était difficile. On a cherché des points de rencontre. Pour «Faire l’école buissonnière», on dit «Avoir mal aux cheveux» en romanche. Mais en français, avoir mal aux cheveux a une autre signification. Il y aurait des recherches interlinguistiques à faire. Et on a énormément travaillé sur le résumé des étymologies et les traductions. C’est très complexe. Nous n’avons même pas tous les mêmes guillemets!

Quelle est votre expression préférée?

L’expression italienne «On a fait 30, faisons 31». C’est le leitmotiv de tout le projet. Après tout ce travail, nous avons encore mis des expressions idiomatiques et du matériel didactique supplémentaires notre le site.

 

En savoir plus : le site du livre.

 

Trois bonnes raisons de lire «D’une pierre 4 coups»

De l’histoire: Vous saurez enfin pourquoi les Suisses allemands ne comprennent que gare.
Du sérieux: Les auteurs qui vous expliquent ce que veut vraiment dire «ras le bol», et c’est gratiné, ont fait des thèses de doctorat édifiantes. 
De l’humour: Illustrations de Romands comme Caro, Barrigue, Chapatte, Mix&Remix, Plonk&Replonk, mais aussi d’auteurs plus exotiques, c’est-à-dire d’outre-Sarine, voire du Tessin ou carrément des Grisons.

 

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