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Les jeunes se sentent davantage discriminés que les aînés en Suisse

Les générations s'entendent plutôt bien en Suisse mais ne cohabitent pas vraiment. Les jeunes se sentent plus discriminés que les aînés constate le "Rapport social 2012" qui souligne qu'en dehors de la famille les contacts entre générations sont d'une "rareté préoccupante".

23 oct. 2012, 12:30
Avec le vieillissement de la population, la société s'étend pour la première fois dans l'histoire sur trois à quatre générations, a déclaré Pasqualina Perrig-Chiello, psychologue de l'Université de Berne.

Les générations sont un miroir des mutations sociales, a résumé le sociologue Peter Farago, directeur du Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS à Lausanne. Il s'est exprimé mardi à Berne lors de la présentation du Rapport social.

Avec le vieillissement de la population, la société s'étend pour la première fois dans l'histoire sur trois à quatre générations, a déclaré Pasqualina Perrig-Chiello, psychologue de l'Université de Berne. Ce qui n'est pas sans effet sur notre quotidien. Il y a un siècle, l'espérance de vie était de 47 ans en Suisse, a-t-elle rappelé.

Dépenses sociales

Une des surprises est le fait que les jeunes se sentent plus discriminés que les aînés, a dit M. Farago. Presque la moitié des personnes de moins de 30 ans disent être confrontées à des préjugés ou être traitées injustement, dans la vie professionnelle surtout. Elles ont le sentiment par exemple qu'en raison de leur âge on leur refuse des emplois.

Les dépenses sociales indiquent également une discrimination de la jeune génération: 45% de ces dépenses étatiques vont en faveur des aînés - un record au niveau européen, selon le rapport - contre 5% en faveur des jeunes (allocations pour enfants, notamment). Les auteurs considèrent que la Suisse "est bien plus frileuse" que l'Allemagne ou la Suède.

La politique intéresse

Une autre opinion préconçue sur les jeunes est contredite. Les 18-25 ans manifestent en moyenne davantage d'intérêt pour la politique que ceux du même âge il y a 20 ans voire il y a 40 ans, a souligné la géographe Céline Schmid Botkine, rédactrice du rapport.

Les jeunes s'engagent toutefois de façon différente que les aînés, plutôt de manière ponctuelle et sur une courte durée. Ce qui conduit la géographe à supposer que les plus jeunes seront davantage intéressés par la politique quand ils auront 65 ans que les sexagénaires d'aujourd'hui.

Chacun de son côté

Le rapport met aussi en lumière qu'en dehors de la famille, les contacts entre générations sont d'une "rareté préoccupante". Ainsi, plus de 80% des 15-44 ans ne travaillent jamais avec des personnes de plus de 70 ans, ni dans la vie professionnelle, ni dans des activités bénévoles.

Cette distance entre les générations pourrait constituer une raison à l'origine des craintes diffuses des aînés face à la jeunesse, avance cette recherche. Environ 45% des personnes âgées suisses craignent que les jeunes mettent en péril l'ordre public du pays.

Entraide familiale

Au sein de la famille, sans surprise, les liens d'entraide sont le plus souvent forts. Les générations se serrent les coudes en cas de coups durs. En outre, des biens sont offerts ou hérités, des cautions et des prêts sont accordés.

Le rapport relativise toutefois ce tableau positif car la solidarité peut accentuer les inégalités sociales. Il n'ignore pas non plus que des conflits peuvent surgir dans une famille ayant pour conséquence des soutiens plus ou moins forcés, voire extorqués.

Société "traditionnaliste"

En Suisse, comme ailleurs, les générations ont des modes de vie spécifiques marqués par leur époque. Tout autant que la formation, l'appartenance à une génération conditionne les habitudes alimentaires, la consommation de médias, les préférences culturelles et comportements en matière de sports, affirment les auteurs.

Le "Rapport social" est publié tous les quatre ans depuis 2000. Il analyse cette fois sur 330 pages une série d'enquêtes récentes. Ce puzzle de données donne "un portrait de la Suisse qui atteste d'une société traditionnaliste", a dit à l'ats Céline Schmid Botkine.

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