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Le rock’n’roll va-t-il survivre à ses icônes?

L’étendard rock flottera-t-il encore longtemps dans le paysage musical actuel ou cette musique vit-elle ses dernières années, à l’image de ses stars vieillissantes?

13 avr. 2019, 09:14
La tournée des Rolling Stones a dû être annulée car Mick Jagger (ici avec le guitariste Ron Wood, à Zurich en 2017), a dû être opéré du coeur, à 75 ans.

Opération du coeur pour Mick Jagger, tournée repoussée pour Ozzy Osbourne après une mauvaise chute, quasi-surdité pour Pete Townshend des Who: et si, à l’image de ses stars vieillissantes, le rock’n’roll se dirigeait lentement vers sa fin?

Quelques groupes d’envergure, comme les Black Keys ou les Killers, qui ont récemment repris le chemin des studios après des années de silence, font bien sûr encore flotter l’étendard rock dans le paysage musical actuel. Mais, d’après les chiffres du cabinet spécialisé Nielsen Music, aucun ne figurait en 2018 dans le top 10 des artistes les plus écoutés en ligne, trusté par les grands noms du hip-hop et du R’n’B.

Même les programmateurs des festivals, après lui avoir longtemps accordé leurs faveurs, cantonnent aujourd’hui de plus en plus souvent le rock aux scènes annexes pour faire place à la pop, au rap ou à l’électro.

Tout un symbole: le mythique Woodstock, qui fêtera en août ses 50 ans avec plusieurs inoxydables rock stars – Santana, John Fogerty, Canned Heat, pour ne citer qu’eux – a également fait appel à des têtes d’affiche d’horizons différents – Jay-Z, Halsey, Miley Cyrus…- afin d’attirer un public plus jeune.

 

Mick Jagger a tweeté une photo où on le découvre en forme après son opération:

 

«Le rock est mort», vive le hip-hop

Critique musical pour Vice, Dan Ozzi écrivait en 2018 dans un article intitulé «Le rock est mort, Dieu merci» que «le genre (avait) été dépassé à tous les niveaux, en matière de popularité et de rentabilité, par la pop, le hip-hop et la musique électronique». Et de conclure, funèbre: «De ce point de vue, oui, le rock est mort».

Nombreux sont ceux au sein de l’industrie musicale qui voient dans les années 1990 les dernières heures de gloire du rock’n’roll, alors porté par des groupes comme Nirvana, The Smashing Pumpkins, The Red Hot Chili Peppers, Pearl Jam ou Soundgarden.

Pour Danny Goldberg, ancien manager de Nirvana, le hip-hop est plus en phase avec son époque et a commencé au milieu des années 1990 à prendre la place occupée jusque-là par le rock. «Le hip-hop est devenu le principal vecteur d’expression culturelle de la jeunesse», confie celui qui voit dans le nouveau genre dominant «une forme d’expression artistique évolutive».

Une idée de «l’innovation»

En face, le groupe de rock tendance du moment Greta Van Fleet – nommé aux derniers Grammy Awards dans la catégorie révélation de l’année – est perçu par de nombreux critiques comme une pale copie de Led Zeppelin, suintante de nostalgie.

Jacqueline Warwick, spécialiste de la musique à l’université canadienne de Dalhousie, estime que si le rock a longtemps été considéré comme l’apanage des artistes «sérieux», ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui. «La pop s’est hissée à l’avant-garde d’expressions créatives vraiment intéressantes et importantes», explique-t-elle. «Et le rock s’est quelque peu transformé en dinosaure».

Mais pour Deanna Adams, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, le «rock n’est pas seulement le rock»: c’est aussi une certaine idée de l’innovation qui survivra à ses pionniers. «C’est douloureux de voir tant d’artistes nous quitter ou tomber malades», dit-elle. «Nous craignons de perdre une partie de nous lorsqu’ils sont malades. Et quand ils meurent, nous pleurons la perte de leur musique, les concerts que nous ne pourrons plus aller voir».

«Le rock ne mourra jamais»

«Cela nous rend aussi plus conscients de notre propre mortalité», poursuit cette sexagénaire, selon laquelle l’influence du rock sur les autres genres musicaux lui confère une sorte d’immortalité. «Il n’y aurait pas de métal, de punk ou de hip-hop sans le rock’n’roll», estime-t-elle. «Le rock ne mourra jamais car c’est une branche large et solide sur un arbre très vieux et très robuste».

Certaines stars du hip-hop revendiquent ainsi fièrement leur héritage rock: pour Ice Cube, membre du groupe californien N.W.A, le rock n’est «même pas un genre musical», c’est «un état d’esprit».

«Le rock, c’est ne pas se conformer à ce qui a été fait avant vous mais tracer sa propre voie dans la musique et dans la vie», a-t-il déclaré en 2016 lorsque le groupe de hip-hop a été intronisé au «Hall of Fame» du… rock’n’roll.

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