Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Rwanda: arrestation de Paul Rusesabagina, héros du film «Hôtel Rwanda», pour terrorisme

Sa vie a inspiré le personnage central du film «Hotel Rwanda», et pourtant Paul Rusesabagina a été arrêté et placé en détention par la justice rwandaise qui lui reproche des actes de terrorisme. M. Rusesabagina est un opposant de longue date au président Paul Kagame.

31 août 2020, 16:06
Paul Rusesabagina s'est présenté devant la presse dans les locaux du Rwanda Bureau of investigations. Accusé de terrorisme, il est celui qui a inspiré le personnage principal du film "Hotel Rwanda".

La police rwandaise a annoncé lundi avoir arrêté Paul Rusesabagina, dont l’histoire a inspiré le film «Hôtel Rwanda». Elle accuse ce critique de longue date du président Paul Kagame d’actes de terrorisme.

Le Bureau d’investigation du Rwanda (RIB) a indiqué que M. Rusesabagina, qui vivait en exil en Belgique, avait arrêté grâce à une coopération internationale et était détenu dans un poste de police de la capitale Kigali. Son porte-parole adjoint, Thierry Murangira, a refusé de clarifier les circonstances de l’arrestation, arguant que cela pourrait «compromettre l’enquête».

 

 

Le porte-parole a accusé M. Rusesabagina d’avoir œuvré à un changement de régime à Kigali. Il a ajouté qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international et était «soupçonné d’avoir financé et créé des groupes terroristes» opérant en Afrique des Grands Lacs.

Les enquêteurs lui imputent des actes de terrorisme, des incendies, des enlèvements et des meurtres, notamment commis sur le sol rwandais en deux occasions, en juin et décembre 2018.

Le parquet fédéral belge savait que M. Rusesabagina était la cible d’un mandat d’arrêt international et a été informé par le Rwanda de son arrestation, mais n’a «pas de détails sur les circonstances», a déclaré son porte-parole à l’AFP.

Héros ou imposteur ?

M. Rusesabagina, un Hutu, était le directeur l’Hôtel des Mille collines à Kigali, dépeint dans le film «Hôtel Rwanda», lors du génocide qui a fait environ 800’000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi, mais aussi chez les Hutu modérés, selon l’ONU.

 

 

Certains Rwandais le considèrent comme un héros qui a sauvé plus d’un millier de vies humaines en les abritant dans l’hôtel, mais d’autres parmi les plus hauts responsables du régime le qualifient d’imposteur. Il est ensuite devenu un féroce critique de M. Kagame, dont le Front patriotique rwandais (FPR) avait mis fin au carnage.

Opposition muselée

En exil, M. Rusesabagina a fondé le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD) et continué de reprocher au président Kagame de museler l’opposition.

 

 

Au pouvoir depuis 1994, Paul Kagame se voit reprocher de diriger le pays d’une main de fer, de réprimer toutes les formes de dissidence et d’emprisonner ou d’exiler des politiciens de l’opposition. L’ONG Human Rights Watch a notamment accusé son régime d’exécutions sommaires, d’arrestations, de détentions illégales et de tortures en détention.

Le RIB a qualifié le MRCD et son bras armé, le Front de libération nationale (FLN), de «groupes terroristes extrémistes» et le Rwanda a accusé le Burundi et l’Ouganda voisins de les abriter.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias