né en 1947, Benoît Jacquot est sans doute l’un des cinéastes français les plus singuliers du moment. Aussi à l’aise dans le film à costumes révélateur («Les adieux à la reine») que dans le mélodrame le plus échevelé («Trois cœurs»), Jacquot l’éclectique sait tout l’art de varier les genres. Avec «Eva», il accomplit sa première incursion dans le genre du thriller psychologique, en adaptant librement le roman noir éponyme de l’Anglais James Hadley Chase.
En 1962, le regretté Joseph Losey avait déjà tiré une adaptation assez troublante du bouquin de Chase (avec Jeanne Moreau dans le rôle titre) dont il avait situé l’action à Venise, au sein d’une jet-set un brin décadente, tout en restant fidèle à l’argument d’origine qui voyait un jeune homme à la dérive s’éprendre passionnément d’une femme fatale. Pour notre plus grand bénéfice, Jacquot délaisse le canevas de la passion qui consume, privilégiant le thème...