Gérard Depardieu ne montera pas les célèbres marches du palais des festivals samedi soir à Cannes et le film sur DSK devra se contenter d'un cinéma de quartier. Pourtant, la sortie mondiale de "Welcome to New York" fait saliver tout Cannes depuis des jours. La société française des auteurs-réalisateurs-producteurs évoque une "sortie singulière".
C'est en plein centre-ville, derrière la barrière de palaces et de boutiques de luxe de la Croisette, que les producteurs de Wild Bunch ont décidé de présenter à la presse et au public le film d'Abel Ferrara inspiré du scandale qui a fait chuter il y a trois ans, presque jour pour jour, le patron du FMI Dominique Strauss-Kahn.
"Première mondiale, samedi 17 mai à 21 heures... Projection ouverte aux acheteurs, à la presse et au public", annonce l'affiche à Cannes. Résultat: pour obtenir un des 500 sièges disponibles, les plus de 4500 journalistes présents au festival intriguent et supplient attachés de presse et producteurs.
Rois du "buzz"
"Ils vont devoir refuser des centaines de personnes. C'est une stratégie très intelligente. Même si le film n'est dans aucune sélection officielle, tout le monde parlera de sa projection ici", a déclaré à l'AFP Scott Foundas, l'un des critiques du magazine "Variety", la Bible américaine de l'industrie du cinéma.
Tous les exclus de la projection devraient pouvoir se rabattre sur internet puisque les producteurs ont choisi un mode de distribution audacieux, sautant l'étape des salles obscures pour offrir directement en France, dès samedi, le film en vidéo à la demande moyennant 7 euros sur la toile.
Exposition médiatique
Cerise sur le gâteau: la conférence de presse que donneront Gérard Depardieu, Abel Ferrara et l'équipe après la projection sera retransmise en direct sur BFM-TV, a confirmé la chaîne samedi. Une exposition médiatique que n'ont obtenue ni "Grace de Monaco", ni "Saint Laurent", film à l'honneur samedi à la même heure à Cannes.
La société française des auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) s'étonne dans un communiqué de la situation paradoxale concernant ce film: "en ne permettant pas à certains films qui sortent en salles d'être présents sur d'autres médias avant un délai souvent inadapté, la réglementation interdit aussi à un film qui sort en vidéo à la demande de rencontrer son public en salles", souligne l'ARP qui a dit souhaiter "un grand succès" au film inspiré de l'affaire DSK.
Mutisme de l'intéressé
Jusqu'ici, Dominique Strauss-Kahn ne s'est pas exprimé sur ce film, ce qui ne veut pas dire que ses avocats ne sont pas à l'affût. L'ex-patron du FMI a par exemple été prompt à assigner en diffamation l'écrivain français Régis Jauffret, auteur de "La Ballade de Rikers Island" et les éditions du Seuil pour un roman qui met en scène le dirigeant d'une institution internationale accusé de viol.
Scott Foundas fait partie des quelques privilégiés qui ont vu "Welcome to New York". Il estime que "le film a un avertissement au début prévenant qu'il s'agit d'une version fictionnalisée, mais Ferrara tourne certains passages dans un style très documentaire. Il utilise de vrais policiers de l'affaire jouant leur rôle dans le film et il a aussi tourné dans l'appartement new-yorkais où vivait DSK avec Anne Sinclair durant son assignation à domicile", éclaire-t-il.