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Cannes 2014: enfin une récompense pour Jean-Luc Godard

Le réalisateur franco-suisse a obtenu le prix du jury ex aequo au Festival de Cannes. A 83 ans, le chantre de la Nouvelle Vague a reçu sa première récompense, qu'il n'est pas venu chercher.

24 mai 2014, 22:28
Le producteur Alain Sarde est venu chercher le prix du jury à la place de Jean-Luc Godard.

Jean-Luc Godard a obtenu ce prix ex aequo avec le jeune Québécois Xavier Dolan, grâce à son film "Adieu au langage". Cette oeuvre difficile et inclassable en 3D est un montage serré de petites scènes dans lesquelles le réalisateur veut dire son refus des propos d'aujourd'hui, dénués de sens selon lui, bien loin du véritable "langage".

"J'ai été bouleversée par un film totalement moderne, un film sans récit, comme une sorte de poème. Je me suis dis, 'Voilà un homme vraiment libre'", a dit à la presse la présidente du jury Jane Campion.

Fini le temps où les huées avaient accueilli "Sauve qui peut (la Vie)" ou "Détective". Le réalisateur trouve enfin la reconnaissance à Cannes, lui qui avait, avec d'autres, demandé la fermeture du festival pendant la révolution de 1968.

Son meilleur film

Le maître n'a pas fait le voyage. "Je ne fais plus depuis longtemps partie de la distribution... Je suis d'autres pistes", a-t-il expliqué dans une vidéo postée cette semaine sur le site officiel du Festival. Godard y signale au passage que ce film est son "meilleur".

Ce prix "ne va pas révolutionner sa vie", a lancé samedi en souriant Alain Sarde, le producteur venu recevoir la récompense au nom du cinéaste. Malgré le montage haché ou les nombreux aphorismes ponctuant le film, Godard montre en tout cas qu'il aime toujours manier la caméra, sature les images de couleurs et joue allègrement avec la 3D.

Cette oeuvre très personnelle est l'aboutissement d'une longue carrière pour cet enfant terrible de la Nouvelle Vague, dont l'oeuvre a souvent été marquée par le goût de la provocation. En tout: une cinquantaine de films où se mêlent fictions, films militants, vidéos et films grand public.

"Fichu la pagaille dans le cinéma"

Une oeuvre bien loin du destin auquel le destinait sa naissance, le 3 décembre 1930, au sein de la bourgeoisie protestante. De parents français d'origine suisse, Godard passe son enfance à Nyon, près de Genève. Il a été naturalisé suisse durant la Seconde Guerre mondiale.

A Paris, il se lance en 1956 dans la critique aux "Cahiers du Cinéma" et à "Art", avec de futurs réalisateurs de la Nouvelle Vague: François Truffaut, Jacques Rivette, Eric Rohmer et Claude Chabrol. Tous dénoncent un cinéma français sclérosé.

En 1959, le jeune réalisateur tourne son premier long métrage, "A bout de souffle", avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, un succès. Puis "Le Mépris", avec Brigitte Bardot et Michel Piccoli. Suivent d'autres chefs-d'oeuvre, "Une femme est une femme", "Vivre sa vie", "Pierrot le Fou".

Pour son complice François Truffaut, Godard a "fichu la pagaille dans le cinéma ainsi que l'a fait Picasso dans la peinture et, comme lui, il a rendu tout possible".

Des films qui ne coûtent pas cher

Après mai 68, son oeuvre se radicalise. Il tourne le dos à la fiction pour réaliser "des films politiquement politiques". 1979 marque son retour à la fiction avec "Sauve qui peut (la vie)", ou "Prénom Carmen" (1983), Lion d'Or à Venise.

Godard reste très controversé. Beaucoup conspuent son oeuvre, jugée prétentieuse et hermétique. Continuera-t-il à faire du cinéma? "Ca ne dépend pas de moi, ça dépend si le producteur du film est content et s'il a envie de continuer parce que ce sont des films qui ne coûtent pas cher", disait-il cette semaine à la radio.

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