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Les horlogers français à l'ombre de la Suisse

La Franche-Comté compte une cinquantaine d'entreprises d'horlogerie pour plusieurs milliers d'emplois. Mais elles peinent parfois à recruter, vu le niveau des salaires de l'autre côté de la frontière.

29 mars 2016, 10:51
Les marques françaises n'ont pas forcément la même reconnaissance que leurs voisines helvétiques.

Les fabricants horlogers français parviennent à trouver une place à l'ombre de la Suisse. Toutefois, ils peinent parfois à recruter, vu le niveau des salaires de l'autre côté de la frontière. La fin du taux plancher de l'euro a aussi nettement renchéri le prix des mouvements achetés en Suisse.

Le Doubs sépare la Suisse et la France. Mais des deux côtés de la rivière, le même savoir-faire horloger. La Franche-Comté compte une cinquantaine d'entreprises d'horlogerie pour plusieurs milliers d'emplois.

Cependant, les marques françaises n'ont pas forcément la même reconnaissance, car le made in France est moins prestigieux que le swiss made en termes horlogers. Pequignet, à Morteau, ou Michel Herbelin, à Charquemont (Doubs), tirent néanmoins leur épingle du jeu.

Michel Herbelin a même bénéficié d'un buzz incroyable grâce à Arnaud Montebourg. L'ancien ministre français du Redressement productif avait choisi de porter un modèle de la marque lors de sa photo en marinière où il voulait vanter le savoir-faire français et le made in France. Toutefois, le politicien français ne porte pas la marque au quotidien, a précisé Maxime Herbelin, directeur marketing.

Ce coup médiatique avait été une chance pour la marque qui réalise la moitié de ses ventes en France. Michel Herbelin, qui produit entre 80'000 et 85'000 pièces par an, se vend aussi en Afrique du Sud, en Europe (surtout dans le Nord) et en Asie. Mais pas en Suisse. "Il y a déjà énormément de marques suisses", le terrain est bien occupé et "c'est très difficile" d'y pénétrer, a expliqué Maxime Herbelin.

La société Pequignet, à Morteau, ne vend pas non plus en Suisse, mais surtout en Europe, notamment en France et au Benelux. "Le Japon est aussi un très gros marché", note Camille Chérif, assistante des ventes à l'international. La marque écoule environ 9000 pièces par an, via 300 points de vente.

Pequignet, est "très contente de son année 2015". Il faut dire que la société, qui était en dépôt de bilan il y a trois ans et qui a été rachetée par la holding Diversita, est en pleine expansion. "Comme on n'a pas de stocks, on n'a pas des casseroles", a imagé le directeur général Laurent Katz.

Franc fort, un problème

Du côté de Michel Herbelin, le fils du fondateur de la marque reconnaît que l'année 2015 a été "un peu dure, mais pas catastrophique". Le renchérissement du franc a pesé sur les marges et le bénéfice, car la société de Charquemont achète tous ses mouvements en Suisse. "Ils sont réputés comme les meilleurs et les plus fiables".

Pour ne pas vendre à perte, Michel Herbelin a dû augmenter ses prix, ce qui a ralenti les ventes. En seconde partie d'année, la marque a organisé des opérations commerciales qui ont "bien marché". De plus, elle a travaillé avec ses fournisseurs afin de développer de nouvelles techniques de production pour améliorer la rentabilité et obtenir à nouveau des prix compétitifs.

Pequignet n'a pas eu les mêmes problèmes, car la marque possède un mouvement - le calibre royal - qui est le seul et unique calibre français de haute horlogerie de manufacture depuis plus de 40 ans. "Il s'agit d'un calibre innovant pour lequel nous avons déposé huit brevets internationaux", précise Camille Chérif.

Pour 2016, Pequignet est "confiant", même si l'année s'annonce moins facile. "Nous avons de bons espoirs de décoller dans quelques pays, mais on est pas à l'abri de facteurs exogènes, comme des guerres ou des attentats", explique le directeur général. La marque s'attend donc à écouler entre 12'000 et 13'000 pièces.

Difficile de retenir les apprentis

Au niveau du personnel, Pequignet qui emploie une cinquantaine de collaborateurs à Morteau, estime que la proximité de la Suisse ne pose pas un problème particulier de recrutement au niveau des horlogers. "Ils sont attachés à la marque et aiment ce qu'ils font", précise Camille Chérif.

Le directeur marketing de Michel Herbelin, qui emploie 85 personnes, dont 79 à Charquemont, estime que le problème de recrutement se fait sentir pour les salaires les plus bas mais pas pour les postes de cadres. "Les collaborateurs sont attachés à notre entreprise, certains y travaillent depuis 35 ans", explique Maxime Herbelin.

Ce dernier reconnaît qu'il est difficile de retenir des apprentis horlogers en fin de formation qui se voient offrir un salaire deux fois et demi plus élevé en Suisse. "Mais avec nos salaires, qui ne sont pas les plus bas de la région, nos conditions sociales (primes de vacances, tickets restaurants, etc), certains préfèrent miser sur la qualité de vie et travailler près de leur domicile", conclut Maxime Herbelin.

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