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Le gardien de la concurrence libère Swatch Group de l’obligation de livrer ses concurrents

La Comco libère le Swatch Group de toute obligation en matière de livraisons de mouvements horlogers aux entreprises concurrentes.

15 juil. 2020, 11:08
ETA, le motoriste de Swatch Group, pourra désormais vendre ses mouvements de montres comme il l'entend.

Swatch Group pourra désormais vendre ses mouvements librement aux autres entreprises horlogères. La Commission fédérale de la concurrence (Comco) renonce à prolonger l’accord, en vigueur entre 2013 et 2019, qui obligeait le groupe biennois à livrer des quantités définies et décroissantes des mouvements de sa filiale ETA à des concurrents. Les restrictions de livraisons, imposées à fin 2019 dans l’attente d’un examen approfondi de la situation du marché, sont également levées.

A lire aussi: Mouvements mécaniques: coup de massue pour Swatch Group et le secteur horloger suisse

Le gendarme du marché considère que les conditions de la concurrence se sont améliorées. De fait, d’autres fabricants de mouvements se sont développés, et plusieurs entreprises horlogères se sont pourvues en moyens pour produire leurs propres mouvements. La Comco arrive à la conclusion «qu’aucune autre obligation ne doit être imposée à ETA.»

C’est un long feuilleton de près de vingt ans qui prend fin. Ses racines remontent à la création du Swatch Group dans les années 1980. Celui-ci est issu d’une concentration d’entreprises survivantes de la crise des années 1970. Il contribue à remettre l’horlogerie suisse sur les rails, notamment grâce au succès de la Swatch, mais aussi par la renaissance de l’horlogerie mécanique de luxe.

En conséquence, les mouvements mécaniques prennent de l’importance. «Bien que leur part dans le volume des exportations horlogères suisses reste stable, ils représentent 72% de la valeur des exportations en 2010», rappelle l’historien Pierre-Yves Donzé dans son ouvrage consacré à l’histoire du Swatch Group. Celui-ci est alors le seul à pouvoir fabriquer industriellement les composants stratégiques des montres mécaniques.

En savoir plus: Pierre-Yves Donzé: «Histoire du Swatch Group» (Alphil)

Alors que l’industrie suisse s’oriente vers le luxe, les volumes baissent, et la lutte sur le marché des montres terminées est acharnée. «Il devient absurde pour le Swatch Group de fournir ses principaux concurrents», écrit Pierre-Yves Donzé.

Swatch cherche donc à mettre un coup de frein à son monopole de fait qui résulte «pour l’essentiel du manque d’investissement des autres groupes dans le domaine de la production». Le groupe biennois annonce pour la première fois en 2002 vouloir renoncer à vendre des composants horlogers stratégiques à ses concurrents.

Dès 2006, la situation incite la Comco à enquêter sur les pratiques du Swatch Group sur le marché horloger. Le dernier accord à l’amiable entre la Comco et le Swatch Group, en 2013, contraint l’entreprise à livrer des quantités décroissantes à ses concurrents jusqu’en 2019.

Toujours dominante dans le mécanique swiss made

Mais les complications continuent: en novembre 2018, le régulateur ouvre une nouvelle procédure: selon Patrik Ducrey, directeur de la Comco qui s’exprimait mercredi dans une conférence de presse, l’accord de 2013 n’a pas eu tout le succès escompté au vu de l’évolution du marché, ce qui a incité la Comco à lancer une analyse approfondie: en neuf mois seulement, quelque 200 manufactures ont été interrogées.

La Comco conclut désormais que «les conditions de concurrence se sont dans une large mesure réalisées comme attendu». Son président, Andreas Heinemann, a toutefois insisté en conférence de presse sur le fait qu’ETA jouit toujours d’une position dominante sur le marché. Il indique que si l’on ajoutait les mouvements produits pour les marques du groupe Swatch, la capacité de production d’ETA est «plusieurs fois» supérieure à celle de son principal concurrent» sur le marché des mouvements, le fabricant neuchâtelois Stellita.

A lire aussi: ETA: Swatch conteste la décision de la Comco

En décembre dernier, juste avant l’échéance de l’accord conclu en 2013, la Comco avait annoncé une prolongation des restrictions de livraison, motivée par des retards dans la procédure «en partie dus au comportement des parties». Cet épisode avait amené Swatch à porter l’affaire devant le Tribunal administratif fédéral (TAF) en février. On ignore encore quel sera le verdict du TAF ou si Swatch Group compte retirer sa plainte.

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