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«Une ouverture du marché agricole ne pourra être évitée»

Le cycle de Doha sur la libéralisation du commerce mondial n'est pas voué à l'échec, de l'avis de l'ambassadrice Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, déléguée du Conseil fédéral aux accords commerciaux. Mais des paroles, il faut maintenant passer aux actes. Rencontre.

20 oct. 2009, 10:15

Le cycle de Doha sur la libéralisation du commerce mondial n'est pas voué à l'échec, de l'avis de l'ambassadrice Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, déléguée du Conseil fédéral aux accords commerciaux. Mais des paroles, il faut maintenant passer aux actes.

«Les politiciens parlent d'ouverture des marchés et mettent en garde contre le protectionnisme. Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement? Est-ce valable pour les voitures, pour le soja, pour le maïs, pour le coton?» Il faut que la volonté affichée de marchés ouverts soit suivie de pas concrets, a indiqué Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. Les négociations du cycle de Doha, lancées en 2001, sont en panne depuis juillet 2008. A l'époque, lors d'une rencontre ministérielle à Genève, elles avaient échoué notamment en raison des différends entre pays riches et pays en développement sur les dossiers agricoles et industriels. La rencontre de Genève avait aussi buté sur les divergences entre les Etats-Unis et l'Inde. Or, depuis, de nouveaux gouvernements dirigent ces deux pays. En ce qui concerne les Etats-Unis, près d'un an après l'élection de Barack Obama, le monde attend des signaux de sa politique commerciale. Cette attente doit prendre fin et les Etats-Unis de l'après-Bush doivent enfin dire clairement ce qu'ils veulent, selon l'ambassadrice qui a succédé en 2007 à Luzius Wasescha à la tête de la délégation suisse à l'OMC.

Il faut aussi trouver une solution favorable aux pays en voie de développement, renchérit-elle. Sinon, les plus pauvres resteront à carreau, d'autant plus que les Etats industriels et les pays émergents concluent des accords bilatéraux.

La Suisse a déjà choisi la voie bilatérale. Elle est ainsi le premier pays européen à avoir conclu un accord de libre-échange avec le Japon. Ce texte devrait donner de nouvelles impulsions au commerce, espère Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. L'accord est très large et apporte des améliorations pour les produits agricoles, en particulier le fromage et la viande séchée.

Dans le cadre du cycle de Doha, les paysans suisses ne peuvent pas espérer obtenir un traitement aussi avantageux. La négociatrice helvétique ne s'en cache pas: l'agriculture suisse est protégée de la concurrence étrangère grâce aux «taxes douanières extrêmement élevées». Une ouverture du marché serait «difficile» pour les paysans, mais elle ne pourra pas être évitée.

Bien qu'il soit urgent de sortir le cycle de Doha de sa torpeur, la Suisse doit continuer à traiter de manière bilatérale. L'échange de marchandises avec les pays avec lesquels un accord bilatéral a été conclu croît deux à trois fois plus vite que celui avec les partenaires de l'OMC, précise l'ambassadrice. «C'est beaucoup.»

Et la situation s'en ressent aussi lorsque l'Union européenne (UE) conclut un tel accord avec un pays et que la Suisse en est écartée. Le commerce helvétique perd de la vitesse. Après le Japon, l'intérêt de la Confédération se porte sur la Russie, la Chine, l'Inde, la Malaisie et l'Indonésie. «Ces pays croissent énormément», relève Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. L'avenir de l'économie exportatrice de la Suisse se trouve avant tout en Asie. Mais il faut conserver de bons rapports avec l'UE. L'Europe demeure en effet le principal partenaire commercial de la Suisse.

Enfin, indépendamment de l'échec du cycle de Doha, une réforme de l'OMC est nécessaire, selon Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. Avec ses 153 membres, l'OMC devrait aussi s'engager dans des négociations sectorielles. Certains thèmes, comme l'énergie, ne sont pas pris en considération, alors qu'il faudrait en débattre urgemment.

Mais l'OMC ne doit pas étendre son cahier des charges pour autant. Elle est une organisation commerciale et doit s'y restreindre, selon Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. Elle n'est pas destinée au développement, à l'environnement ou à la finance. /IWL-ats

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