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UBS a aussi son «affaire Kerviel»

16 sept. 2011, 10:24

Les acteurs des march?s financiers qui, optimistes, croyaient ne plus jamais revivre une affaire ?? la Kerviel?, ont lourdement d?chant? hier peu avant 09h00, lorsque le communiqu? de 4 lignes d'UBS est tomb?. Deux milliards de dollars - soit environ 1,74 milliard de francs -, c'est la somme qu'estime avoir perdue le num?ro un bancaire helv?tique dans une op?ration de courtage non autoris?e effectu?e par un trader de sa banque d'investissement.

Un montant certes deux fois moins important que celui que le Fran?ais J?r?me Kerviel avait fait perdre en 2008 ? son employeur Soci?t? G?n?rale, mais qui pourrait bien faire passer UBS dans les chiffres rouges au troisi?me trimestre, selon le communiqu?. D?couverts mercredi par la grande banque, les mauvais placements d'un de ses courtiers bas? ? Londres ont rapidement ?t? signal?s ? l'Autorit? f?d?rale de surveillance des march?s financiers (Finma).

Arrestation ? Londres

Dans la foul?e, durant la nuit de mercredi ? jeudi, la police a arr?t? un homme au centre de la capitale britannique, a-t-on appris hier en cours de matin?e. Soup?onn? de fraude par abus de position, il a ?t? plac? en garde ? vue.

Selon plusieurs m?dias, ce trentenaire est un collaborateur de l'unit? ?march? d'actions? de la banque, o? il est actif dans le domaine des fonds indiciels. D'autres sources croient savoir que la perte abyssale est li?e ? une transaction en francs qui aurait mal tourn? apr?s les r?centes interventions de la Banque nationale suisse.

Des informations qu'UBS n'a pas souhait? commenter, se contentant d'indiquer que l'affaire est en cours d'investigation. Et il en faudra, de l'investigation, afin de r?unir suffisamment de d?tails sur les circonstances de la fraude pour satisfaire la curiosit? des analystes. Hier matin, une question ?tait sur toutes les l?vres: comment une telle affaire a-t-elle pu se reproduire, alors que la majorit? des grandes banques ont renforc? leur syst?me de surveillance apr?s le scandale Kerviel?

D?faillances en cause

?C'est incompr?hensible?, s'est exclam? sur les ondes de la RTS Dusan Isakov, professeur de gestion financi?re ? l'Universit? de Fribourg. Et d'accuser les m?canismes de surveillance d'UBS de s?rieuses d?faillances. ?Pour perdre 2 milliards, il faut en avoir emprunt? au moins 10? ? sa banque, a indiqu? un autre expert ? la cha?ne hexagonale France 2, s'?tonnant qu'un courtier ait acc?s ? une telle somme. ?Sauf s'il ment ? son chef...?

Et c'est bien l? le c?ur du probl?me, selon l'avocat Carlo Lombardini: ?les syst?mes de s?curit? ne remplacent pas l'honn?tet?.? Le sp?cialiste genevois du droit bancaire ajoute qu'? l'image de J?r?me Kerviel, le courtier d'UBS ?a viol? les r?gles de son contrat; ce type d'attitude, on ne pourra jamais l'emp?cher?. D'o? la n?cessit? de repenser, plut?t que les m?canismes de surveillance, ?l'app?tit au risque des banques d'investissement?.

?Il faut davantage d'?thique dans les affaires?, confirme le professeur ? l'Universit? de Fribourg Sergio Rossi. ?Car perdre 2 milliards, c'est vite fait dans une banque dont la strat?gie est focalis?e sur la sp?culation financi?re.? Et l'?conomiste d'expliquer qu'on ne peut pas contourner le probl?me en mettant sous tutelle les collaborateurs ou en les surveillant davantage.

Quelles que soient les conclusions auxquelles aboutit l'enqu?te interne d'UBS, tout comme celles qui seront probablement men?es par la Finma et son ?quivalent britannique FSA, la grande banque sortira ?corn?e de cette affaire, alors m?me qu'elle ?tait en passe de redorer son image aupr?s des clients apr?s son sauvetage par la Conf?d?ration.

Un nouveau nuage dans un ciel d?j? assombri par l'annonce, fin ao?t, de la suppression de 3500 emplois ? travers le monde.

C'est justement pour pr?server sa r?putation aupr?s des investisseurs que l'?tablissement aurait r?v?l? la fraude ?peu avant la publication de ses r?sultats trimestriels?, sugg?re Sergio Rossi. ?Pour UBS, c'est un moyen de se mettre ? l'abri, de dire ?si on n'avait pas eu cette perte de 2 milliards, on aurait eu de bons chiffres au 3e trimestre?.

Hier, ce sont leurs collaborateurs que les dirigeants de la banque suisse ont tent? de rassurer. Dans une note interne, l'?quipe d'Oswald Gr?bel explique que les positions de clients n'ont pas ?t? affect?es par l'affaire et que la solidit? de l'entreprise n'est pas menac?e.

L'affaire de trop

Reste que pour de nombreux observateurs cette affaire est celle de trop. ?Ca commence ? bien faire!? tonne le conseiller aux Etats socialiste Didier Berberat, qui compare ce genre d'op?ration de courtage ?? un jeu de monopoly un peu ind?cent?. Quant au syndicat Employ?s Suisse, choqu?, il lance un nouvel appel ? une dissociation entre banque d'investissement et banque de d?p?t.

Egalement secou?e, l'action UBS a fait un plongeon de 8,5% dans les premiers ?changes de la Bourse suisse hier.

Dans l'apr?s-midi, elle a encore accentu? ses pertes, avant de cl?turer sur une baisse de 10,8% ? 9,75 francs, alors que le Swiss Market Index finissait dans le vert.

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