Tornos n'est pas parvenu à s'extraire des chiffres rouges l'an passé. Alors que ventes et commandes sont reparties à la hausse dans le sillage de la reprise, le fabricant de machines-outils de Moutier a réduit sa perte nette de 29,6 millions de francs en 2009 à 18,1 millions. L'année sous revue a marqué un tournant dans l'évolution de Tornos, a relevé hier à Zurich François Frôté le président du conseil d'administration du fabricant de machines-outils. Tornos émerge d'une récession de trois ans avec des bases saines pour accéder à une ligue supérieure ainsi qu'une nouvelle direction.
Les objectifs fixés visant pour l'essentiel à préserver le savoir-faire de l'entreprise et sa capacité de production, avec un recours massif au chômage partiel, ont été réalisés. Et pourtant la baisse des volumes entre 2007 et 2009 a atteint plus de 60%, contre 40 attendus, a ajouté François Frôté. Intégrée dans la stratégie et prévue, la perte essuyée l'an passé n'en demeure pas moins lourde. Mais l'essentiel a été préservé. Les chiffres rouges s'expliquent par le décalage de trois à six mois entre les entrées de commandes et la facturation. L'impact du retournement conjoncturel qui s'est manifesté dès le début 2010 ne s'est fait sentir qu'en fin d'année sur les résultats financiers, a pour sa part noté le chef des finances Paul Haering, lequel a succédé le 1er janvier à Philippe Maquelin.
Comme déjà annoncé, le chiffre d'affaires a bondi l'an passé de 40% à 160,1 millions de francs. Un niveau toutefois éloigné des 200 à 220 millions nécessaires pour atteindre l'équilibre au niveau du résultat d'exploitation (Ebit). S'établissant à 214,7 millions, les entrées de commandes se sont pour leur part hissées à deux fois et demi leur niveau de 2009. Le rebond conjoncturel s'est d'abord manifesté en Asie, les ventes y passant en l'espace d'un an de 9 à 16 millions de francs. A la faveur de l'embellie dans l'industrie médicale, la reprise s'est ensuite transmise à l'Amérique du Nord, le chiffre d'affaires progressant de 21 à 22 millions. Enfin en Europe, il a crû de 83 à 118 millions. Selon les segments de marchés, le domaine médical, le moins affecté par la récession, a retrouvé une évolution normale en début d'année. Dans l'automobile, le niveau d'activité s'est fortement accru les trimestres suivants, alors que les marchés de l'électronique et de la microtechnique, en particulier l'horlogerie, ne se sont rétablis qu'en fin d'année.
A quelque 70 millions de francs au quatrième trimestre, les commandes ont même retrouvé le niveau d'avant la crise, tout comme le chiffre d'affaires, qui s'est monté à 54 millions. Si l'Ebit s'est inscrit en zone positive au cours des trois derniers mois de l'année, l'ensemble de l'exercice a été bouclé dans le rouge à hauteur de 13,5 millions, contre une perte Ebit de 30,5 millions en 2009. La performance a aussi subi le contrecoup de l'appréciation du franc au regard du dollar et de l'euro. Les pertes de change se sont ainsi montées à 4 millions de francs. Raisonnable, l'endettement net de Tornos, qui est passé d'une année sur l'autre de 24,5 à 38,6 millions a aussi entraîné une hausse des charges financières de 1,7 à 3,5 millions.
Mais le fabricant de machines prévôtois continue d'afficher un bilan solide, ses fonds propres se chiffrant à 111,5 millions de francs, soit un taux de 52,9%. A fin 2010, le groupe comptait quelque 855 emplois à plein temps. Si Tornos n'a pas réduit son effectif, ses capacités de production d'assemblage n'ont été utilisées qu'à 50% l'an passé. Pour l'année en cours, Tornos table sur un chiffre d'affaires entre 250 et 300 millions de francs, ainsi que des résultats largement positifs. Les entrées de commandes en janvier et février sont venues confirmer ces perspectives. D'ici 2012, l'entreprise continue de miser sur une hausse de ses ventes de 10% par an. /ats