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Quand les marchés financiers gagnent à être mieux connus

30 août 2011, 11:54

«Le marché est un endroit où on échange», explique Samuel Bendahan, économiste de l'Université de Lausanne. Et parler de marchés, c'est le plus souvent faire référence aux marchés financiers, où sont échangés des titres de propriétés, les actions, ou de la dette, les obligations. On y échange aussi des produits dérivés comme les options, soit le droit d'acheter quelque chose dans le futur, poursuit le membre du Parti socialiste.

«Les marchés, ce sont les traders, les banques, les agents financiers qui achètent des devises ou des obligations par exemple», complète Jean-Pierre Lehmann, professeur à l'IMD et libre-échangiste convaincu.

L'idée derrière la création d'un marché financier ou monétaire, c'est que tout le monde peut prêter de l'argent, et pas seulement les banques. L'acteur économique achète un titre et ce faisant, il prête, détaille Samuel Bendahan. L'achat a lieu sur les marchés financiers, par l'entremise d'intermédiaires directs: les banques, et d'autres plus indirects comme les fonds de pension. «Une bonne partie de l'argent de nos retraites est utilisée pour prêter à des Etats ou des entreprises à travers l'achat d'obligations ou d'actions», rappelle l'économiste.

Deux familles s'activent sur les marchés financiers. Les investisseurs et les spéculateurs. Les premiers, selon Jean-Pierre Lehmann, sont plutôt des caisses de retraite (investisseurs institutionnels), des banques (gestionnaires de fortune), des sociétés d'assurances, qui ont la responsabilité de placer l'argent à long terme pour obtenir un revenu et continuer à fournir leur service.

Versés dans le court terme, les spéculateurs sont plutôt les hedge funds (fonds spéculatifs) et les traders, qui cherchent des gains immédiats, avec des objectifs de rendement élevés, donc de risque élevé, le risque correspondant à l'incertitude ou la volatilité.

Vendre, acheter et réciproquement

Et qui fait le prix sur un marché - la valeur du franc suisse par exemple? Pour Samuel Bendahan, le cours d'un titre ou d'une monnaie dépend essentiellement des acteurs qui les troquent. «Et qui fait beaucoup d'échanges quotidiennement? Les spéculateurs. C'est pourquoi la plupart des prix et des marchés sont influencés majoritairement par ces derniers.» En clair, le marché fonctionne sur la base de l'offre et de la demande pour le franc aussi. Des agents économiques veulent vendre du franc contre des euros? D'autres doivent alors vouloir céder leurs euros pour acheter des francs suisses. Le prix est défini sur la base des montants que les deux sont prêts à offrir et auquel ils sont prêts à lâcher leur avoir. Les touristes optant pour la Suisse comme les investisseurs qui croient en la force de son économie et choisissent d'y investir ont besoin de francs et font monter son prix. C'est aussi le cas de l'incertitude actuelle dans la zone euro et l'économie américaine, qui incite à utiliser le franc comme valeur refuge.

La banque centrale et ses taux

Ceci dit, la banque centrale a bien sûr une influence sur le prix de la monnaie (son taux de change) en modifiant ses taux d'intérêt. Rémunération de l'argent, un taux d'intérêt très élevé signifie que l'argent est très cher à obtenir et que le prêter rapporte beaucoup. «En baissant son taux très bas, comme actuellement, la banque centrale fait que vos francs suisses ne valent quasiment rien si vous les placer (les prêter). Baisser les taux d'intérêts rend le franc moins attractif (et donc réduit la demande)», explique Samuel Bendahan.

Reste la question de fond. Et bon nombre de Prix Nobel d'économie se la sont posée: les marchés sont-ils efficients? Les prix qu'ils génèrent sont-ils la meilleure évaluation possible de la valeur d'un produit ou d'un investissement?

«Ils sont peut-être efficients, mais ils peuvent se tromper puisque les marchés, finalement, ce sont des hommes et des femmes», estime Jean-Pierre Lehmann. «Sur les marchés financiers, l'effet troupeau où tous les intervenants choisissent une même direction sans vraiment réfléchir est connu», note l'économiste. «Les crises financières s'expliquent en grande partie par le fait que les marchés n'ont pas été efficients.»

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