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Les jeunes sont les plus menacés par l'endettement

16 sept. 2011, 11:11

Le tiers des gens endettés en Suisse ont entre 18 et 25 ans et près de la moitié des 18-25 ans qui étaient endettés en 2006 le sont toujours. C'est le résultat inquiétant d'une étude de la société de recouvrement Intrum Justitia.

«Je suis à l'Assurance invalidité», raconte Carlos, 24 ans. «Après le loyer et l'assurance maladie, il me reste 1480 francs par mois. J'ai un leasing pour la télé et deux cartes de crédit. Sur la deuxième, je dois 2500 francs mais j'ai obtenu sans problème un nouveau leasing pour un ordinateur.»

«J'ai fait des bêtises de jeunesse, des dépenses exagérées, des sorties, des voyages, etc. et je me suis retrouvé avec deux ans d'impôts de retard». Arnaud, 39 ans, est sous le coup d'une saisie de salaire depuis sept ans. L'Office des poursuites lui laisse 1500 francs par mois sur son salaire d'infirmier. Il n'est plus en mesure de louer un appartement, de contracter un abonnement de téléphone ou de s'acheter quoi que ce soit en leasing. Et son salaire sera ponctionné encore des années.

Deux témoignages parmi d'autres. Histoire de rappeler qu'un tiers des Suisses de 18 à 25 ans sont endettés et que 44% des bénéficiaires de l'aide sociale appartiennent à cette tranche d'âge, selon la Commission fédérale de l'enfance et de la jeunesse. Mais aussi que seuls 53% des 18-25 qui étaient endettés en 2006 ont réglé leurs dettes en 2011. C'est ce que révèle l'étude Radar 2011 que vient de publier la société de recouvrement Intrum Justitia, après avoir analysé 200 000 cas de recouvrement sur cinq ans.

L'étude se concentre sur les secteurs de la santé, des télécommunications et du commerce en ligne (généralement à crédit). «Chez les jeunes, la première place en matière de créances impayées est occupée par les télécommunications, devant la santé et l'e-commerce. En comparaison, la situation est inverse chez les plus de 32 ans, pour lesquels c'est la santé qui arrive en tête pour les factures impayées», indique l'étude. Logique, les jeunes étant généralement en bonne santé. Le plus inquiétant est la difficulté de sortir de l'endettement, puisque 47% des jeunes qui se sont endettés pour la première fois en 2006 ont encore au moins une dette en 2011. Et il s'ajoute à cet autre chiffre de la commission fédérale citée plus haut: 70% des jeunes adultes touchant l'aide sociale n'ont pas achevé de formation professionnelle.

Une tendance qui s'accentue, selon Pierre Maudet, président de ladite commission. «La Suisse ne découvre en effet que depuis peu la culture de la vie à crédit, que connaissent depuis longtemps les pays anglo-saxons. Avec les ravages que l'on connaît: des jeunes qui arrivent à l'âge adulte déjà criblés de dettes et n'ayant d'autre solution que de prendre un abonnement à vie à l'aide sociale», ajoute le libéral-radical genevois sur son blog.

Un autre libéral-radical genevois, Hugues Hiltpold, a déposé une initiative parlementaire à la Chambre du peuple en décembre dernier. Soutenue par une quinzaine de conseillers nationaux de tous bords, elle demande au gouvernement «de compléter la Loi fédérale sur le crédit à la consommation par un dispositif incitant les sociétés de crédit à financer des programmes nationaux de prévention». En y affectant 1% de leur chiffre d'affaires, comme l'avait déjà demandé, en vain jusqu'ici, la commission fédérale en 2007.

De son côté, Intrum Justitia, principale société d'encaissement en Suisse depuis quarante ans, s'engage depuis 2004 dans la prévention de l'endettement auprès des adolescents et a développé son enquête Radar sur l'endettement des jeunes adultes sur le mode périodique.

Selon les experts, la surconsommation n'est pas la cause première de l'endettement des jeunes, qui survient généralement au moment du passage à la vie active et du départ de la maison. De nombreux cantons urbains l'ont compris, qui se sont dotés de services spécialisés dans l'assistance à l'endettement.

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