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Le PDC prend ses distances avec le libre-échange agricole

Le PDC ne veut pas souscrire sans autre au projet d'accord de libre-échange agricole avec l'Union européenne. Christophe Darbellay fixe une nouvelle condition.

28 oct. 2009, 12:13

Le PDC n'apprécie pas que des paysans ulcérés lancent des bottes à sa conseillère fédérale Doris Leuthard, mais il ne reste pas insensible aux craintes de son électorat paysan. Ce dernier ne s'inquiète pas seulement du prix du lait mais aussi du projet d'accord de libre-échange agricole avec l'Union européenne qui pourrait se traduire par une baisse de moitié du revenu paysan. Les organisations paysannes viennent de se fédérer pour mieux contrer ce projet.

Face à cette mobilisation, l'UDC préconise l'abandon immédiat des négociations. Le PDC ne va pas aussi loin, mais le président du parti, Christophe Darbellay, fixe un délai. «Il faudra interrompre l'exercice si les négociations avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui en constituent le corollaire, n'ont pas abouti d'ici au 1er septembre 2010», affirme-t-il.

Actuellement ces négociations sont dans l'impasse en raison notamment de l'opposition américaine à la levée des barrières protectionnistes. La proposition Darbellay permet de gagner du temps tout en reprenant la main à l'UDC qui a mis ce sujet à l'ordre du jour de son assemblée des délégués de samedi prochain.

Le Valaisan se défend de lâcher sa conseillère fédérale qui porte ce dossier. «J'ai toujours fait partie des sceptiques, mais la position du PDC n'a pas varié. Elle consiste à dire qu'un accord de libre-échange agricole avec l'UE n'a de sens que si l'accord avec l'OMC aboutit. Une réduction des barrières protectionnistes dans le cadre de l'OMC pourrait en effet être équilibrée par un accord avec l'UE qui faciliterait l'accès du marché européen aux produits suisses. Le seul élément nouveau est le délai fixé au 1er septembre 2010. Cela permet de clarifier le débat».

«Nous sommes menacés d'une baisse de moitié du revenu paysan» explique le conseiller national Jacques Bourgeois (PLR /FR), directeur de l'Union suisse des paysans (USP). «C'est inacceptable. Si un accord devait être conclu à la fois avec l'OMC et l'Union européenne, l'impact irait même au-delà de 50%».

Pour Doris Leuthard et le Conseil fédéral, l'objectif est de réduire l'îlot de cherté de la Suisse. Le Département de l'économie a calculé que l'ouverture du marché permettrait de réduire les prix et d'augmenter le produit intérieur brut de 0,5%, soit deux milliards de francs par an. Des mesures d'accompagnement sont destinées à atténuer le choc subi par les paysans. Pour Jacques Bourgeois, c'est un miroir aux alouettes. «Il ne faut pas se tromper de cible», déclare-t-il. «Les Suisses consacrent environ 7% de leur revenu à l'alimentation, ce qui est peu en comparaison européenne. Il faut privilégier la souveraineté alimentaire. Au lieu d'un accord global, nous préconisons une approche sectorielle par produit, à l'instar de ce qui a été fait avec le marché du fromage».

Les paysans peuvent compter sur l'appui des Verts qui estiment que le libre-échange agricole est incompatible avec le développement d'une agriculture écologique et de proximité. Au total, le soutien dont bénéficie Doris Leuthard s'amenuise comme peau de chagrin. En cas de référendum, elle pourra certes compter sur l'appui de la gauche et des libéraux-radicaux, mais cela risque de ne pas suffire. L'alternative d'une rupture des négociations est politiquement tout aussi risquée car il ne faut pas oublier que c'est la Suisse qui a demandé à Bruxelles de mettre ce sujet à l'agenda. Avec la proposition Darbellay, la conseillère fédérale a dix mois pour affiner sa stratégie. /CIM

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