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Le «Greenpeace» de la finance affiche de grandes ambitions

20 juil. 2011, 11:35

Thierry Philipponnat n'a pas sa langue dans sa poche. «Les lobbys financiers ont des moyens considérables. Mais la qualité de leur argumentaire est limitée. Il tourne autour des trois ou quatre mêmes idées dont il sera possible de montrer qu'elles ne tiennent pas la route», déclare-t-il dans le mensuel français «Alternatives Economiques.»

Cet ancien d'Amnesty International n'a rien d'un gauchiste irresponsable: spécialiste des produits financiers complexes, il a travaillé à la City de Londres pour BNP-Paribas et pour l'UBS. Il doit prendre la tête de Finance Watch, une nouvelle organisation chargée de donner des sueurs froides aux banquiers.

Le projet remonte à une année. Le député Vert européen Pascal Canfin propose de créer une ONG capable de répondre aux arguments avancés par les banques dans le débat public. Certes, il existe de nombreuses associations «alternatives», comme Attac, Sherpa, Tax Justice Network ou Welwirtschaft Okologie & Entwicklung en Europe. Elles publient des travaux sur les paradis fiscaux et dénoncent les magouilles de la criminalité économique. Mais aucune ne vient contrer systématiquement le discours des banquiers. L'objectif de Finance Watch: devenir comme Greenpeace, incontournable, notamment dans les médias.

Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint d'«Alternatives Economiques», est l'un de ceux qui portent cette nouvelle ONG, fondée le 30 juin dernier, sur les fonts baptismaux.

«Les banquiers ont déjà oublié la dernière crise financière. Lorsqu'il y a un rapport de force dans les banques entre les commerciaux et les contrôleurs de risques, celui-ci tourne systématiquement à l'avantage des commerciaux. Le drame dans la finance, c'est que les comportements frauduleux deviennent une pratique normale», constate-t-il.

Finance Watch peut compter sur une quarantaine de parrains, que ce soit le Secours Catholique, CCFD-Terre Solidaire, Transparency International ou des syndicats travaillant dans les banques. «Nous demandons des comptes à nos employeurs. Pourquoi possèdent-ils des entités, notamment aux Caïmans, où il y a zéro salarié? Souvent les banques préfèrent botter en touche plutôt que de répondre à nos questions», constate Luc Mathieu, secrétaire général du syndicat français CFDT Banques.

Le futur Greenpeace de la finance disposera d'un budget de 2 millions d'euros (2,34 millions de francs), versé en particulier par la Commission européenne. Certes, l'opération est partie de Bruxelles. On peut toutefois s'étonner que sa création n'ait pas recueilli plus d'échos en Suisse, au pays des banques.

L'Inrate, l'agence indépendante de notation de développement durable installée à Fribourg, n'est pas partie prenante de l'opération. Elle approuve néanmoins la création de Finance Watch, qui devrait devenir l'une de ses sources d'information.

«Les banques financent de grands projets qui s'étendent sur des décennies. Malgré cela, elles ne sont guère questionnées sur les questions de développement durable, d'environnement, d'éthique», constate Stefano Gilardi, directeur du département relations marché à l'Inrate.

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