Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le franc fort favorise les rachats d'entreprises à l'étranger

14 juil. 2011, 11:07

Alors que se succèdent les rachats de firmes étrangères par des entreprises suisses, le franc fort peut accroître les opportunités. Il ne constitue pas un motif en soi, mais rend un prix en euros ou en dollars de moins en moins cher pour un porte-monnaie helvétique.

Les annonces sont légion: le groupe bâlois Novartis acquérant l'américain Genoptix, le zurichois ABB reprenant l'américain Baldor Electric, le bâlois Clariant mettant la main sur l'allemand Süd Chemie ou encore le zougois Meyer Burger sur l'allemand Roth & Rau. Lundi, Lonza annonçait un accord avec l'américain Arch Chemicals. Son patron Stefan Borgas avait indiqué que la faiblesse du dollar face au franc avait été un avantage pour la transaction, permettant d'offrir un prix intéressant pour les actionnaires d'Arch, mais raisonnable pour le groupe bâlois.

Pour motiver un rachat, «les principaux facteurs de décision restent la stratégie, le positionnement sur le marché et les objectifs de croissance», note Patrik Kerler, expert chez KPMG. Et il faut se rappeler que, outre le prix, les revenus de l'entreprise visée sont aussi enregistrés dans ces monnaies affaiblies.

«Toute décision d'achat relève d'abord d'une analyse de fond», souligne Yves Longchamp, économiste chez Pictet & Cie. Mais dès le moment où un groupe suisse a effectivement prévu un investissement, l'évolution des devises peut créer une bonne opportunité d'achat sans pour autant en être le moteur principal.

Coup de pouce

Entre janvier 2007 - avant la crise - et aujourd'hui, l'euro s'est affaibli de près de 30% face au franc, le dollar de plus de 30% et la livre sterling de plus de 40%. Et la monnaie européenne a encore cassé le plancher de 1fr.16 mardi.

Cette évolution représente des rabais très importants pour une firme qui souhaite faire des emplettes. Elle peut donner un coup de pouce de deux manières.

Premier cas de figure: le timing. «On voulait une entreprise, jugée auparavant trop chère, mais celle-ci devient plus abordable par des effets comptables. L'investissement devient plus attractif, donc on peut se dire que c'est le bon moment», explique Yves Longchamp.

Deuxième cas: l'acquéreur potentiel dispose d'une capacité de négociation plus élevée, car il est prêt à payer un peu plus cher en monnaies locales. «Comme son pouvoir d'achat s'est amélioré, il acceptera peut-être d'offrir par exemple 5% de plus en euros ou en dollars», sans que cela affecte trop ses finances, peut-être de quoi emporter la mise face à d'éventuels concurrents.

L'acheteur peut se prémunir contre les risques liés aux taux de change. Au début des négociations, il peut fixer un taux à terme au moyen d'un contrat particulier. Le prix de cet instrument financier dépend des différentiels entre les taux d'intérêt des pays concernés; or, ceux-ci sont très bas dans la plupart des pays industrialisés, donc cela ne coûte pas trop cher.

Opérations en Suisse

A l'inverse, les devises peuvent aussi influencer les opérations en Suisse par des firmes étrangères. Un groupe helvétique peut être moins convoité s'il devient plus onéreux en fonction du niveau du franc.

Patrik Kerler de KPMG concède «qu'une acquisition en Suisse peut s'avérer plus chère». Mais en période d'aléas monétaires, un groupe étranger peut la juger utile pour diversifier son portefeuille: par exemple dans l'immobilier, en profitant de revenus libellés en francs et, qui plus est, qui ne sont pas freinés par ce même franc fort comme le sont ceux des sociétés exportatrices.

De son côté, Janwillem Acket, chef économiste chez Julius Bär, relativise le rôle des monnaies. «Il existe des entreprises disposant d'un trésor de guerre conséquent, qui, après la reprise, souhaitent arrondir leur portefeuille.»

Leur solidité financière les dispenserait donc de chipoter sur les devises. / ats

Votre publicité ici avec IMPACT_medias