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La Suisse est en pleine forme

Pour Veronika Weisser, spécialiste des marchés émergents et conseillère investissements et devises auprès de clients privés pour l'UBS, malgré l'instabilité mondiale, la Suisse n'a aucun souci à se faire pour son économie en 2011.

02 avr. 2011, 13:01

Veronika Weisser, le franc suisse reste une des monnaies les plus fortes au monde. Pourquoi?

Parce que la monnaie et les obligations suisses sont très stables, et représentent donc un véritable refuge pour les investisseurs. L'économie suisse est l'une des plus saines au monde! Et la faiblesse de l'euro, qui fragilise toute la structure de l'Union européenne, a fait gagner près de 15% de valeur au franc suisse au cours de ces quinze derniers mois. Notre monnaie ne cesse de gagner du terrain: en quarante ans, sa valeur a plus que quadruplé face au dollar! Mais si c'est une bonne nouvelle pour le consommateur, cela ne facilite pas la tâche de l'industrie d'exportation, un secteur qui représente près de 50% du produit intérieur brut de la Suisse.

Et pourtant, malgré ces difficultés, les exportations ont bondi de 10,6% en février, atteignant un volume total de 16,5 milliards de francs…

Les exportateurs helvétiques sont habitués à travailler avec un franc fort, à améliorer sans cesse leurs coûts et à gérer leur entreprise sur le long terme. La force de ce secteur réside également dans sa capacité à innover dans des domaines de pointe, comme les machines industrielles, une niche très spécialisée, avec des marges intéressantes.

Selon vos prévisions, notre pays connaîtra cette année un taux de croissance de 2,7%. Comment expliquer cette formidable progression?

Par trois facteurs. Contrairement à l'Allemagne par exemple, la Suisse bénéficie de l'apport d'une immigration majoritairement très qualifiée. Ensuite, les taux d'intérêt sont très bas, ce qui soutient grandement l'économie. Enfin notre principal partenaire économique, l'Allemagne, connaît une croissance très importante, ce qui fait que sa demande locale en produits suisses augmente aussi.

Doit-on craindre la puissance des marchés émergents comme la Chine?

La Suisse a déjà prouvé à maintes reprises qu'elle est tout à fait à même d'affronter des défis comme celui-ci. Encore faut-il qu'elle continue, comme elle l'a fait jusqu'à présent, d'investir dans une formation de très haut niveau pour sa jeunesse, afin de rester compétitive.

La Suisse pourrait-elle souffrir d'une forte augmentation du prix du pétrole suite aux révolutions arabes?

Peut-être moins que d'autres pays. Non seulement parce que les hausses du pétrole, exprimées en dollars, seront en partie neutralisées par le renforcement du franc face à la devise américaine. Mais aussi parce que plus le prix du pétrole augmente, plus les investisseurs qui craignent des pertes, se tournent vers des lieux sûrs où placer leur capital. Et c'est la Suisse qu'ils choisiront en priorité.

Quel impact la situation en Libye pourrait-elle avoir sur le cours du pétrole?

Les conséquences sont relativement limitées puisque ce pays ne fournit que 1,9% de la production mondiale. Je serais nettement plus soucieuse si des événements survenaient en Arabie Saoudite, qui est la principale productrice au monde. Alors, les hausses de prix réduiraient le pouvoir d'achat des pays (Europe, Etats-Unis ou Chine) où la Suisse exporte.

Qu'en est-il du séisme japonais?

Selon les estimations, les graves difficultés qu'affronte actuellement le Japon n'influenceront l'économie mondiale que de 0,2% seulement, entre autres du fait que de très grosses sommes vont être investies dans la reconstruction du pays. A condition bien sûr que la situation ne tourne pas en catastrophe nucléaire de grande ampleur… /AJA

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