Après les voyages en avion avec Easyjet, les vêtements avec H&M, l’alimentation avec Aldi, ou plus récemment l’hôtellerie avec Airbnb, le low cost franchit une nouvelle étape. Leader de l’ameublement à petit prix, Ikea propose depuis cet été une cuisine à un prix défiant toute concurrence. Du nom de Sunnersta, le modèle s’affiche en catalogue à un peu moins de… 300 francs! Pour ce prix dérisoire, la cuisine comprend un plan de travail avec évier à 100 francs, auquel il faut ajouter 40 francs pour le bloc sanitaire (siphon et mitigeur), 100 francs pour un mini-réfrigérateur (45l) et 50 francs pour une plaque de cuisson à induction. Vendu séparément, un chariot à 30 francs fait office d’espace de rangement.
Exit donc les appareils électroménagers, tels que four et autres lave-vaisselle. De l’aveu même de son concepteur, le designer Henrik Preutz, cette kitchenette a été imaginée pour être à la fois simple et flexible. Autrement dit, elle se destine en priorité aux personnes qui ne souhaitent pas passer du temps derrière les fourneaux ou consomment des plats prêts à l’emploi plutôt que du fait maison. Notons qu’Hornbach a aussi investi le segment de la cuisine low cost. Cependant, son modèle d’entrée de gamme, une fois ajouté le frigo et les plaques de cuisson, se révèle légèrement plus cher; comptez ici quelque 500 francs.
Solution alternative
Mais, comment les cuisinistes perçoivent-ils l’arrivée de ces produits "hard discount", sachant que leurs modèles se vendent généralement au moins dix fois plus chers? "Nous n’allons pas perdre des clients avec l’arrivée de ce type de cuisine sur le marché, lance Sébastien Putallaz, chef de produit chez Gétaz Miauton. Notre clientèle vient chez nous, car elle cherche quelque chose de plus abouti." Il rappelle que les cuisinistes spécialisés vendent un produit complet, de la planification avec le client jusqu’au montage final.
De l’aveu même de Manuel Rotzinger, porte-parole d’Ikea: "Cette cuisine est plutôt destinée à être un produit de niche en Suisse, car tous les appartements sont déjà bien équipés, au contraire de pays comme la France ou l’Allemagne." En réalité l’intérêt est ailleurs. La cuisine a été pensée davantage comme une solution d’appoint pour un studio, une cave ou encore un cabanon de jardin. La kitchenette low cost est donc moins une concurrence qu’un complément à l’offre des spécialistes de la cuisine.
Conquérir les pays émergents
Même si le budget consacré par les Suisses à la cuisine tend à baisser depuis quelques années, le modèle du géant suédois restera un produit d’appoint chez nous. En revanche, il pourrait devenir incontournable en France auprès des étudiants, qui vivent avec des budgets limités et dans des logements souvent exigus, à l’image des chambres de bonne. Grâce à sa simplicité de montage et sa capacité à être raccordé facilement aux réseaux d’eau et d’électricité, il pourrait aussi séduire les pays en voie de développement.
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