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Huit Suisses sur dix favorables à l'idée d'un salaire minimum

22 juin 2011, 11:24

L'Union syndicale suisse publie un sondage favorable à son initiative. Pour le patronat, le peuple changera d'avis lorsqu'il sera conscient des risques.

Une large majorité de la population (85%) soutient l'idée d'un salaire minimum, selon un sondage commandé par l'Union syndicale suisse.

Un signal encourageant pour l'initiative populaire de l'USS, qui veut fixer dans la loi une rémunération plancher de 4000 francs par mois.

La population semble même vouloir aller plus loin, «puisque le niveau moyen du salaire minimal souhaité par les personnes interrogées atteint 4487 francs», a indiqué hier à Berne le président de l'USS, Paul Rechtsteiner.

Les sondés sont près de 70% à estimer que les salariés suisses ne pouvant vivre de leur travail sont nombreux. Le sondage, réalisé en mai par l'institut Link auprès de 1002 personnes, ne montre pas de grande différence d'opinion entre Romands et Alémaniques, ni entre hommes et femmes.

Salaires sous pression

«Environ 60% des travailleurs suisses ne sont pas protégés par des salaires minimums», a expliqué Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS et co-auteur d'un rapport sur le sujet. «Un salarié sur dix, soit 300 000 femmes et 100 000 hommes, touche un salaire de moins de 22 francs de l'heure.»

Selon M. Lampart, «les bas et moyens salaires n'ont augmenté que de 0,2 à 0,4% par an entre 1998 et 2008, alors que la productivité grimpait de 0,9%». Les hauts et très hauts salaires ont eux profité de cette situation, puisqu'ils représentaient 5,9% des salaires versés en Suisse en 1997 contre 9,4% à l'heure actuelle.

La fixation de salaires minimums serait donc un instrument indispensable pour parvenir à une répartition plus équilibrée des revenus, lutter contre la sous-enchère salariale et éviter que la main-d'œuvre indigène ne se fasse évincer par celle venue de l'étranger.

Lancée il y a cinq mois, l'initiative de l'USS a déjà récolté 80 000 signatures. Elle a jusqu'au 25 juin 2012 pour atteindre la barre des 100 000. L'USS prévoit d'accélérer la récolte de paraphes avec des journées d'action menées dans toute la Suisse entre fin juin et début juillet.

Le résultat du sondage ne surprend par l'Union patronale suisse (UPS), opposée à l'initiative. «Si un débat public avait lieu sur les désavantages du salaire minimal, la majorité de la population changerait d'avis», a déclaré à l'ATS le directeur de l'UPS, Thomas Daum.

«Un poison!»

Interrogé par «Le Courrier», George Sheldon, économiste spécialiste du marché du travail à l'Université de Bâle, estime que le salaire minimum réclamé par l'USS serait «un poison dans le contexte actuel en Suisse.»

Il accroîtrait le taux de chômage des travailleurs peu qualifiés, déjà trop nombreux par rapport à la demande.

Le salaire minimum a certes eu des effets positifs sur l'emploi aux Etats-Unis. «Mais il est très bas, autour de six francs de l'heure», note George Sheldon. En outre, son introduction se justifiait à cause du système de crédit d'impôts en faveur des personnes démunies aux Etats-Unis, dont l'effet pervers est d'inciter les employeurs à baisser les salaires. «Si le but est de lutter contre la pauvreté, le système du crédit d'impôts est bien meilleur», affirme le professeur. «Il tient compte du nombre de personnes vivant dans un ménage, ce qui n'est pas le cas du salaire minimum.»

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