Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Fin du taux plancher: qu’en est-il, cinq ans après son abandon?

Le 15 janvier 2015, la BNS ébranlait les marchés financiers en annonçant l’abandon du taux plancher qui liait le franc suisse à l’euro. Un «tsunami pour l’ensemble de la Suisse», lançait alors Nick Hayek. Retour sur ce jour particulier et point sur la situation actuelle.

15 janv. 2020, 07:30
Alors que l'euro valait 1,20 franc avant l'annonce de la BNS, il avait chuté en matinée en-dessous de la parité pour atteindre un plus bas historique de 96,52 centimes.

Il y a cinq ans jour pour jour, le 15 janvier 2015 peu avant 10h30, la Banque nationale suisse (BNS) abandonnait le taux plancher d’un euro pour 1,20 franc, en vigueur depuis le 6 septembre 2011. Véritable coup de tonnerre, la décision avait non seulement semé la pagaille sur les marchés financiers, mais aussi suscité le courroux et l’incompréhension des milieux économiques.

Ce jeudi 15 janvier, l’abandon du taux plancher créait d’autant plus la surprise que lundi la BNS assurait encore par la voix de son vice-président de l’époque, Jean-Pierre Danthine, sa détermination à le défendre. Mais cette dernière est mise à mal par les écarts croissants entre les politiques monétaires des principales banques centrales. Et l’institut d’émission anticipait une accentuation du fait du lancement prochain du programme de rachat de dettes de la Banque centrale européenne.

A lire aussi : A lire aussi : Taux plancher aboli: croissance ralentie, chômage à la hausse, perspectives noires: 15.01.2015

Dépréciation du franc face au dollar

Devant la presse convoquée à la hâte au siège de la BNS à Zurich, son président Thomas Jordan expliquait que l’euro s’était nettement déprécié face au dollar, conduisant aussi à une dépréciation du franc face au billet vert. «Dans ce contexte, la Banque nationale est parvenue à la conclusion qu’il n’est plus justifié de maintenir le cours plancher».

Afin que sa suppression n’entraîne pas de durcissement inopportun des conditions monétaires, l’institut d’émission abaisse d’un demi-point le taux d’intérêt appliqué aux avoirs en comptes de virement dépassant un certain montant exonéré à -0,75%. Il avait initialement prévu le mois passé de fixer ce dernier à -0,25%.

 

 

Décision inéluctable

Selon Thomas Jordan, la décision – «peu agréable» pour certains acteurs – était inéluctable, celle-ci ne pouvant être indéfiniment reportée. L’introduction du cours plancher, une mesure «exceptionnelle et temporaire a préservé l’économie suisse de graves dommages». Celle-ci a pu profiter de cette période pour s’adapter à la nouvelle donne, d’autant plus que la surévaluation du franc s’est atténuée depuis septembre 2011.

Thomas Jordan avait souligné que les perspectives d’inflation restaient faibles. Depuis décembre 2014, le prix du pétrole a nettement baissé avec pour effet attendu de stimuler la croissance mondiale, en particulier américaine, et partant de soutenir l’évolution conjoncturelle en Suisse.

Chute de l’euro et ruée sur les bureaux de change

La réaction sur les marchés financiers avait été immédiate: alors que l’euro valait 1,20 franc avant l’annonce de la BNS, il avait chuté en matinée au-dessous de la parité pour atteindre un plus bas historique de 96,52 centimes. La monnaie unique remontait cependant dans l’après-midi pour afficher un cours de 1,04 franc vers 17h30. Actuellement, la devise européenne vaut 1,08 franc, non sans avoir dépassé en 2018 1,20 franc.

Dans les heures qui ont suivi l’annonce de l’abandon du taux plancher, les bureaux de change attirent la foule, des Suisses et des frontaliers ayant acheté beaucoup d’euros. Postfinance avait temporairement suspendu les retraits en euros, alors que le système informatique d’UBS avait pratiquement touché à ses limites.

A lire aussi : L’euro atteint 1 fr. 18, soit près du taux plancher de 1 fr. 20 abandonné il y a trois ans: 27.12.2017

La Bourse suisse décroche

Elle aussi chahutée, la Bourse suisse avait décroché, l’indice des valeurs vedettes SMI clôturant la séance du jour sur un débours de 8,67% à 8400 points.

Les milieux économiques ont déploré avec véhémence la décision de la BNS, Nick Hayek le patron de Swatch Group la comparant à un «tsunami pour l’ensemble de la Suisse». Les syndicats leur ont emboîté le pas, craignant notamment pour les emplois dans les secteurs actifs à l’exportation.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias