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En Italie, la crise économique profite au système mafieux

La crise a fragilisé de nombreuses entreprises de la Péninsule, qui ont été infiltrées pour certaines par les organisations mafieuses. Blanchiment d'argent sale et extorsion gangrènent la croissance du pays, alors que le chiffre d'affaires de la mafia italienne constitue environ 8,5% du PIB national.

12 mars 2011, 12:25

Le gouverneur de la banque centrale italienne Mario Draghi met en garde contre l'infiltration de la mafia dans la société. Ce phénomène freine la croissance du pays, a-t-il souligné hier à l'occasion d'un colloque à Milan.

Parmi les facteurs qui empêchent l'économie italienne de croître, le gouverneur cite notamment «l'infiltration mafieuse dans la structure productive, qui a augmenté ces dernières décennies, du moins dans sa diffusion territoriale».

Cette présence mafieuse s'est d'autant plus renforcée avec la crise. «De nombreuses entreprises, qui ont vu leurs liquidités et leur valeur de marché se réduire ces trois dernières années, sont devenues des proies plus faciles pour la criminalité. Et le prix à payer pour la société est élevé, notamment en terme d'absence de développement économique», note Mario Draghi.

«Lutter contre les mafias sert non seulement à ressouder la fibre sociale du pays, mais aussi à éliminer l'un des freins qui ralentissent notre économie», a-t-il assuré. «Si les effets sociaux et politiques du crime organisé sont reconnus et étudiés, ceux économiques le sont moins», selon le gouverneur.

Dans une économie infiltrée par la mafia, avec des phénomènes d'usure, de blanchiment d'argent sale ou encore d'extorsion, la concurrence est altérée.

«L'une de nos études a démontré comment le coût du crédit est plus élevé pour les entreprises dans les économies à forte présence criminelle», indique encore M. Draghi.

Le blanchiment d'argent provenant d'activités criminelles est l'un des facteurs de contamination les plus insidieux entre ce qui est licite et ce qui est illicite, estime par ailleurs Mario Draghi.

Et de rappeler qu'en Italie, les banques et autres intermédiaires financiers sont obligées par la loi à signaler toute opération suspecte à l'Unité d'Information Financière (UIF), une structure constituée auprès de la Banque d'Italie ne 2008. Le pays est passé de 12'500 signalisations en 2007 à 37'000 l'an dernier.

Rappelons que selon l'association «SOS Impresa», qui aide les entreprises victimes du racket de la mafia appelé «pizzo», le chiffre d'affaire du crime organisé en Italie atteint environ 138 milliards de francs, soit environ 8,5% du PIB national, pour un bénéfice de 90 milliards de francs.

Un business qui n'est pas prêt de s'arrêter: même si 6583 mafiosi soit un quart des effectifs des mafias italiennes (entre 22 000 et 24 000 personnes) a été arrêté entre 2008 et 2010, la première fois que le pouvoir italien a affirmé avoir éradiqué la mafia dans le pays remonte à… 1911.

La mafia, comme le rappelait Roberto Saviano, auteur du livre-événement «Gomorra», n'est donc pas prête de mourir... /ats-afp-réd

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