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Chez Sonova, on ne serait pas resté sourd au délit d'initié

Coup de balai à la tête de Sonova. A la suite d'une enquête portant sur des ventes d'actions par des dirigeants du fabricant zurichois d'appareils auditifs après un avertissement sur résultat, le président, le patron et le chef des finances démissionnent avec effet immédiat.

31 mars 2011, 12:12

Evoquant hier à Zurich l'enquête interne confiée au cabinet d'avocats zurichois Homburger, le nouveau président de Sonova, Robert Spoerry, qui succède au démissionnaire Andy Rihs, a parlé de résultats très décevants. Les investigations ont effet révélé plusieurs manquements.

Pour mémoire, Sonova avait lancé un avertissement sur résultat le 16 mars dernier. La société établie à Stäfa annonçait alors réviser à la baisse aussi bien son chiffre d'affaires que sa performance opérationnelle pour l'exercice 2010 /11 qui s'achèvera aujourd'hui.

Les justifications données alors mettaient en avant l'impact du rappel d'un implant cochléaire, le retard dans le lancement de produits aux Etats-Unis et l'appréciation du franc. Pratiquement simultanément, des dirigeants avaient fait connaître, conformément au règlement boursier, des transactions avec des titres et options Sonova.

L'avertissement aurait déjà dû être révélé une semaine auparavant, les chiffres des ventes de février étant connus début mars, a encore indiqué Robert Spoerry. «Il était alors clair que nous n'étions plus en mesure d'atteindre les objectifs annuels». Dans une telle situation, la réglementation de la Bourse suisse impose de procéder à un avertissement sur résultat. Autre manquement constaté: Sonova aurait dû interdire à ses collaborateurs de céder des actions ou des options. «Et cela n'a pas été le cas», a-t-il poursuivi.

A la suite de ces soupçons de délits d'initiés, le directeur général, Valentin Chapero, et le chef des finances, Oliver Walker, alors en fonction, ont été entendus dans le cadre de l'enquête.

A l'issue des discussions, les deux ex-responsables ont décidé de renoncer à leur fonction afin de ne pas écorner encore plus la réputation de Sonova. «Ils n'ont pas été licenciés et n'ont pas perçu d'indemnités de départ.»

Pour des raisons de protection de la sphère privée, Robert Spoerry n'a pas souhaité indiquer si l'ex-patron et l'ancien chef des finances ont effectivement cédé des titres. La réponse à la question de savoir si des délits d'initiés ont été commis est complexe. Ce n'est pas à Sonova de le faire, mais au Ministère public, lequel s'en tient pour l'heure à éclaircir la situation. La Bourse suisse a elle ouvert une pré-enquête.

Sonova n'a elle-même pas déposé plainte. Quant à Robert Spoerry, il indiquait renoncer avec effet immédiat à tous ses autres mandats, comme président du conseil d'administration du fabricant zurichois d'instruments de mesure Mettler-Toledo et administrateur de Geberit, Holcim, Schaffner et Conzzeta, notamment.

Aussi pris dans la tourmente, le fondateur de Sonova et important actionnaire de l'ex-Phonak, Andy Rihs, a indiqué n'avoir commis aucune faute. L'enquête interne a conclu que l'ex-président du groupe n'était pas au courant du futur avertissement lorsqu'il a vendu le 8 mars quelque 300 000 de ses titres pour 37,5 millions de francs. Passionné de cyclisme, Andy Rihs, a expliqué avoir cédé ses titres, comme il l'avait déjà fait auparavant, notamment pour bâtir sa nouvelle fabrique de vélos à Granges (SO). Au moment de l'avertissement, il a proposé à l'acquéreur de ce paquet d'actions d'annuler la vente. A la Bourse suisse, l'action Sonova a chuté. /ats

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