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2012, l'année de tous les dangers pour le marché de la dette en Europe

Le marché obligataire, chahuté comme jamais en 2011 face à l'accélération de la crise de la dette, qui touche désormais l'ensemble de la zone euro, s'apprête à connaître un début d'année sous haute tension, certains n'excluant plus une implosion de l'Union monétaire.

25 déc. 2011, 17:45
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«En 2011, on peut parler de krach obligataire, les taux d'emprunt de certains pays européens se sont envolés et le marché a perdu ses repères: les fondamentaux économiques et les Etats ne font plus référence», résume Charles Bouffier, directeur général délégué de la société de gestion d'actifs Egamo.

La crise, cantonnée à la Grèce et à l'Irlande en 2010, s'est propagée tout au long de l'année comme une traînée de poudre.

Premier à être touché, le Portugal a dû se résoudre à recourir à l'aide du Fonds monétaire international et de l'Union européenne qui lui ont octroyé un prêt de 78 milliards d'euros en échange d'un programme d'austérité draconien.

L'Italie et l'Espagne, 3e et 4e économies de la zone euro, ont subi à leur tour la foudre des marchés et ces attaques ont eu raison des gouvernements italien de Silvio Berlusconi et espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero. Seule l'action de la Banque centrale européenne, qui a racheté de la dette de ces deux pays sur le marché secondaire, où s'échangent les titres déjà émis, a permis d'apaiser quelque peu les tensions.

Enfin, phénomène encore impensable il y a un an, le cœur même de la zone euro, l'Allemagne et la France, ont été frappées par la tempête: l'agence de notation Standard and Poor's envisage de leur retirer prochainement leur précieuse note AAA, la meilleure possible, qui leur permet d'emprunter à des taux très attractifs.

Un sort qu'ont subi les Etats-Unis en août et qui n'a finalement pas eu d'impact sur les taux d'emprunt du pays tombés à des plus bas historiques.

De l'avis de Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis, même si le marché obligataire européen a connu une certaine accalmie durant les dernières semaines de l'année, 2012 s'annonce sous haute tension.

«Le problème va resurgir si les taux repartent à la hausse quand certains Etats tenteront d'avoir accès au marché», souligne-t-il.

Les emprunts obligataires se concentrent généralement sur les premiers trimestres de l'année. Seront particulièrement surveillées, les opérations à long terme de l'Allemagne, seul pays où la demande n'était pas au rendez-vous lors de sa dernière émission de dette, mais aussi de la France, de l'Italie ou de l'Espagne.

La situation est délicate d'autant que les perspectives de croissance pour 2012 se sont nettement dégradées. Un passage de la zone euro, bref dans le meilleur des cas, en récession semble désormais inéluctable à la plupart des économistes.

La rigueur budgétaire prônée par les responsables européens de sommet en sommet pourrait aussi aggraver les choses.

«L'austérité n'arrive pas à convaincre car elle va engendrer une situation économique récessionniste qui va rendre d'autant plus difficile le bouclage des budgets par les Etats», s'inquiète Frédéric Rollin de la banque Pictet.

Autre motif de tension pour Axel Botte chez Natixis, les banques qui doivent renforcer leur ratio de fonds propres durs (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux prêts accordés) devraient être moins disposées à investir dans les dettes souveraines des pays européens jugés à risque.

Désormais, l'explosion de la zone euro fait partie des hypothèses envisageables. Selon une étude de la banque Bank of America Merrill Lynch, 33% des gérants de portefeuille n'excluent plus qu'un pays soit contraint de sortir de l'Union monétaire en 2012.

Face à ce scénario inquiétant, le seul remède mis en avant par les experts tient en trois lettres: BCE. «Il faut qu'elle intervienne davantage. Elle reste le seul acteur crédible et le seul à disposer de la puissance de feu nécessaire», estime M. Botte.

L'institut se refuse pour l'instant à être le prêteur en dernier ressort des pays de la zone euro comme on le lui réclame, mais elle a en revanche ouvert largement les vannes du crédit aux banques en  leur prêtant mercredi près de 500 milliards d'euros lors d'une opération inédite à trois ans.

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