Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Votations fédérales: l’acceptation de la loi Covid montre un soutien accru au Conseil fédéral

Avec 62% des votants qui acceptent la loi Covid, c’est un score encore plus net que lors de la première votation au printemps. Après une campagne tendue, les vainqueurs plaident l’apaisement.

29 nov. 2021, 00:01
/ Màj. le 29 nov. 2021 à 06:50
KEYSTONE

Pour Alain Berset, «ce vote va nous permettre de poursuivre les efforts pour lutter contre la pandémie et ses conséquences sanitaires, économiques et sociales». Alors qu’un nouveau variant inquiète les scientifiques et qu’une cinquième vague d’infections traverse l’Europe, le ministre de la Santé reste sobre: «Nous n’avons jamais suivi une stratégie du risque zéro et le Conseil fédéral ne prolongera pas inutilement les mesures. Il analysera la situation sur la base des faits, et il prendra les décisions qui lui sembleront adéquates».

Ce dimanche, par 62% des votants, la Suisse a accepté la loi Covid, qui contenait notamment la base légale nécessaire à l’émission du certificat sanitaire. Ce sujet aura été le plus débattu d’une campagne tendue. Pour le ministre de la Santé, la victoire est d’autant plus convaincante que le soutien à sa politique a augmenté de deux points depuis juin dernier et un premier vote sur le même sujet.

Face aux journalistes, après «un débat particulier», Alain Berset lance un appel «à l’unité et au respect». Le conseiller fédéral insiste: «Nous sommes habitués à un débat vif et constant, mais la haine et les menaces n’y ont pas leur place. Notre démocratie fonctionne et il faut accepter ce résultat. Nous devons maintenant nous réunir pour traverser l’hiver le mieux possible».

Les barricades de Berne

Sur la place Fédérale et dans les rues avoisinantes, des sons de cloches et des cris de «liberté» ont raisonné durant tout l’après-midi, et même à la nuit tombée. Dès le matin, les abords du Palais fédéral avaient été barricadés par la police bernoise, qui a déployé un dispositif inédit pour un dimanche de votations. Si la situation a parfois été tendue, les contestataires n’auront jamais été plus de quelques centaines à manifester leur colère et leur déception.

Si le Conseil fédéral pense interpréter ce vote comme un blanc-seing, il prendrait un grand risque en termes de paix sociale.
Jean-Luc Addor (VS)

Défiance au café

Dans le café de Bümpliz où les opposants s’étaient réunis, l’ambiance était à la défiance envers les journalistes. Au micro de la RTS, leur porte-parole Michèle Cailler a estimé qu’il «nous a peut-être manqué un peu plus d’agressivité et de conviction dans notre campagne». Sur les réseaux, le mouvement «Mass-Voll» et son fondateur Nicolas Rimoldi ont dénoncé «des irrégularités massives» et refusé le verdict: «Le résultat du scrutin est illégitime et ne nous engage pas».

La paix sociale menacée?

Parmi les partis, seule l’UDC combattait la loi. Dans un communiqué elle juge que «le Conseil fédéral et les autres partis politiques sont responsables de la division de la société», et affirme que «l’érosion de l’Etat de droit doit cesser». Le conseiller national Jean-Luc Addor (VS) prévient: «Depuis le début de cette crise, on fait peur aux gens. Si le Conseil fédéral pense interpréter ce vote comme un blanc-seing, il prendrait un grand risque en termes de paix sociale».

C’est un oui pragmatique, malgré les millions et l’agressivité de la campagne des opposants.
Anne-Sophie Michaud Gigon (VD)

Pour les Verts et la conseillère nationale Anne-Sophie Michaud Gigon (VD), «c’est un oui pragmatique, malgré les millions et l’agressivité de la campagne des opposants». Parmi les vainqueurs, beaucoup déplorent le ton de la campagne des opposants et plaident pour l’apaisement. Plusieurs estiment que cette victoire appartient à la «majorité silencieuse», et tous promettent de ménager les presque 38% de votants qui ont refusé la loi.

Pour le conseiller national Damien Cottier (plr, NE), «les excès de cette campagne doivent céder la place à un débat démocratique apaisé». Selon le coprésident des socialistes Cédric Wermuth, «la sortie de crise sera solidaire ou ne sera pas». Président du Centre, Gerhard Pfister le dit autrement: «La pandémie n’est pas encore terminée et nous devons continuer à trouver un bon équilibre dans la lutte contre ce virus et ses effets négatifs sur notre société».

Les vaccinés ont dit oui

Depuis juin dernier, le oui a progressé en Suisse alémanique et régressé en Suisse romande et au Tessin. Plusieurs cantons de Suisse centrale qui s’étaient opposés aux mesures il y a six mois ont changé d’avis, comme Uri et Glaris. Seuls Schwytz et Appenzell Rhodes-Intérieures ont dit non pour la seconde fois. Ils ont aussi les deux plus faibles taux de vaccination du pays.

Tout indique une corrélation entre les résultats du vote et la couverture vaccinale. Le oui le plus clair a été articulé par le demi-canton de Bâle-Ville, où 70% de la population a déjà été entièrement vaccinée. Le raisonnement se vérifie presque partout, par exemple à Neuchâtel, où 63,5% des habitants ont une protection vaccinale totale et 64,3% des votants ont accepté la Loi Covid. Avec un peu moins de 60%, le oui est plus timide dans le Jura et en Valais.

Le débat n’est pas clos

De nombreux déçus semblent désormais reporter leurs espoirs sur les travaux du parlement. Mais durant la session d’hiver qui débute ce lundi, les Chambres fédérales ne devraient pas débattre des mesures sanitaires. Les discussions porteront plutôt sur la prolongation des soutiens financiers à l’économie et à la culture, que personne ne conteste.

S’il donne une légitimité aux Conseil fédéral, le vote de ce dimanche ne clôt pas le débat. Les mouvements nés de la contestation des mesures sanitaires poursuivront le combat.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias