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No Billag : les grandes manifestations sportives craignent le pire

L’initiative No Billag, si elle était acceptée par le peuple le 4 mars, mettrait en péril les manifestations sportives les plus importantes de Suisse. Tel est le message que veulent faire passer plusieurs organisateurs.

21 janv. 2018, 09:14
L’initiative No Billag, si elle était acceptée par le peuple le 4 mars, mettrait en péril les manifestations sportives les plus importantes de Suisse.

"Si la télévision ne diffuse plus les compétitions, les sponsors s’en iront et, sans sponsor, plus d’événement". Yves Mittaz, le patron du tournoi de golf de Crans-Montana, a le sens de la synthèse. Sa manifestation fait partie de Swiss Top Sport, le groupement des principaux événements sportifs du pays. Le Valaisan est du reste dans le directoire de ce même STS.

"Le problème aujourd’hui est que seuls les événements incontournables, notamment le football, intéressent les chaînes privées", poursuit Yves Mittaz. "Si la RTS ne diffuse plus les autres sports, comme le golf ou l’hippisme, ceux-ci vont souffrir".

En situation délicate

Directrice du Concours hippique international de Genève, Sophie Mottu Morel abonde dans le même sens tout en précisant, comme Yves Mittaz, que sa manifestation ne serait pas menacée de disparition en cas d’acceptation de No Billag. "Mais nous perdrions beaucoup", insiste-t-elle.

"La RTS est un partenaire depuis plus de trente ans et possède un savoir-faire immense. Chaque année, les images qu’elle produit et qui sont distribuées aux télévisions du monde entier sont exceptionnelles. Et les autres chaînes le soulignent régulièrement", appuie la Genevoise. Et celle-ci d'ajouter que le CHI se retrouverait quand même en "situation délicate" si la RTS devait renoncer à produire les images à l’avenir.

 

 

SSR productrice

Pour saisir le problème, il convient de s’attarder un instant sur le système. La SSR, qui diffuse 12'000 heures de sport par année dont 5000 en direct, est en charge de la production de la quasi-totalité des épreuves sportives d’importance en Suisse. Une production souvent réalisée à perte même si, selon les différents contrats, certaines manifestations paient la télévision nationale pour ses services.

Dans les rangs des productions les plus coûteuses de la SSR chaque année se trouvent, notamment, les courses de ski alpin à Wengen et le Tour de Romandie, environ un million de francs chacune. Si la SSR devait se retirer du jeu faute de moyens, il faudrait alors que les organisateurs trouvent un autre producteur en espérant que celui-ci accepte de ne pas dégager de bénéfices de l’opération.

 

 

Une éventualité à laquelle ne croit pas Yves Mittaz, conscient que les sociétés privées attendent un retour sur investissement. Pour les chaînes payantes, le sport n’est souvent qu’un produit d’appel visant à vendre d’autres abonnements.

Jean-François Collet, le directeur de l’Open de tennis de Gstaad, n’hésite pas à parler d’une "mise en danger évidente" du tournoi et dit son inquiétude, partagée, selon lui, par tous les grands événements sportifs en Suisse. "Si une chaîne privée décidait de reprendre le flambeau, nous souffririons quand même d’une perte de visibilité", poursuit le Vaudois. Et il s’agit là du meilleur scénario en cas de victoire du oui dans les urnes, ajoute-t-il.

Les sportifs se mobilisent

Alors le monde du sport, après la SSR elle-même et les médias régionaux ou locaux qui dépendent de la redevance, commence de se mobiliser. L’ATS a eu connaissance de plusieurs courriers électroniques échangés entre organisateurs pour structurer une campagne commune.

Les membres de Swiss Top Sport doivent d’ailleurs tenir une séance le 24 janvier avec Swiss Olympic, l’organe faîtier du sport national dont le président Jürg Stahl, conseiller national UDC, est un fervent opposant à cette initiative. L’idée est d’élaborer une stratégie globale pour l’ensemble des acteurs du sport.

14 ct/jour par personne

Un sport auquel la SSR accorde une grande place dans ses grilles. Outre les frais de production, cela lui coûte 52 millions de francs par année en droits de retransmission. Les dépenses totales pour le sport - financées à 86% par la redevance et à 14% par la publicité - équivalent à 14 centimes par jour et par personne, explique-t-on à la RTS.

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