S’il est réjouissant d’apprendre que le Conseil d’Etat n’envisage plus d’alourdir les effectifs des classes des premiers cycles de la scolarité obligatoire, l’attention voire la vigilance demeure compte tenu des économies figurant dans le Programme financier du Conseil d’Etat pour ces prochaines années.
Dans ce contexte, la délicate question des effectifs et de leur constitution, bref de la composition des classes, semble toujours d’actualité. En effet, les effectifs ne sont pas toujours révélateurs de la «charge» réelle du corps enseignant, car les élèves ne sont pas identiques. Ainsi, nombreux sont les enseignants qui éprouvent des difficultés à gérer des classes comportant plusieurs élèves «bep» – à besoins éducatifs particuliers.
D’autant que la posture intégrative des enfants «différents» est enfin devenue réalité. Ainsi, ce ne serait plus guère la moyenne d’élèves par classe qui prévaudrait mais une fourchette à l’intérieur de laquelle on trouverait des classes à faible effectif avec plusieurs enfants «à risque» et d’autres classes à effectif plus lourd, sans aucun «cas».
A l’évidence, cette analyse comporte un intérêt et un risque majeurs. L’intérêt? Le dépistage et le dénombrement des enfants à besoins éducatifs particuliers réveilleraient peut-être les consciences sur la charge réelle d’un corps enseignant parfois démuni. Le risque? Le piège de l’étiquetage des enfants, cet estampillage générateur de stigmatisation, déclencherait l’ire des parents et des adeptes d’une pédagogie intégrative et humaniste.
Toutefois, il n’y a ni à espérer ni à craindre. Jamais cette réalité ne sortira de l’ombre, tant les coûts occasionnés par les nombreuses classes à ouvrir iraient à contresens des économies souhaitées. Hélas pour les enseignants, les enfants et leurs parents!