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Une urgence comme une autre

Des spécialistes présents 24h/24 à l’HNE.

14 nov. 2017, 01:08
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Une urgence psychique est une urgence comme une autre. «On doit pouvoir consulter pour une idée suicidaire comme on le fait pour un mal de ventre», schématise le psychiatre Stéphane Saillant. La mise en application de ce principe s’est traduite par la création d’un Centre d’urgences psychiatriques (CUP), dépendant du Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP), localisé au sein du département des urgences de l’Hôpital neuchâtelois (HNE), sur les sites de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Une équipe spécialisée officie jour et nuit, sept jours sur sept. Elle a pour mission de répondre aux besoins impérieux découlant de situations de crise, de pathologies aiguës ou nécessitant une prise en charge mixte, somatique et psychique.

«Cette structure permet une collaboration très étroite entre les différents intervenants des domaines somatique et psychologique et d’offrir aux patients des soins de meilleure qualité», explique le Dr Saillant, médecin-chef du CUP et psychiatre de liaison. «Elle vise aussi à déstigmatiser les souffrances psychiques les dépressions, les tentatives de suicide, etc et à rendre leur prise en charge plus accessible à la population.» Les prestations du centre comprennent le conseil, l’évaluation, l’orientation vers des structures de soins spécialisées ambulatoires ou hospitalières, des interventions de crise limitées dans le temps, des interventions immédiates en cas de situation de stress ou de traumatisme psychique. Les patients sont suivis pendant un à deux mois au CUP (4 à 6 consultations en moyenne). Si nécessaire, le traitement se poursuit auprès de leur généraliste, d’un psychologue, d’un psychiatre installé en pratique privée ou du CNP.

Environ trente cas par jour

L’an dernier, les urgences psychiatriques ont pris en charge une trentaine de cas par jour en moyenne. La majorité des patients s’adresse au centre pour une crise d’origine psychosociale. «Le déclencheur, c’est souvent une rupture au sein du couple, le décès d’un proche ou une perte d’emploi. Ce sont des événements qui bouleversent une situation de vie et la personne se retrouve déstabilisée. Très hétérogène, la patientèle provient de tous les milieux socio-économiques», détaille le psychiatre.

L’équipe du CUP (lire encadré) ne propose jamais de solutions toutes faites: la prise en charge consiste à favoriser l’émergence de solutions en partenariat avec le patient. Les démarches proposées incluent son entourage de même que son réseau - médecin traitant, services sociaux, etc. L’objectif est d’utiliser aux mieux les ressources de chaque personne pour qu’elle puisse s’y appuyer et reprendre pied. Les urgences psychiatriques sévères représentent environ 20% des cas traités par le centre. Il s’agit de décompensations psychotiques, d’agitations, de dépressions majeures, de surconsommation de drogues ou médicaments, de tentatives de suicide… Bien qu’en baisse, les actes désespérés restent nombreux dans le canton.

La fréquentation a doublé

Depuis son ouverture en juin 2012, le Centre d’urgences psychiatriques s’est passablement développé pour répondre aux besoins d’une patientèle en hausse. En cinq ans, la fréquentation a plus que doublé: 2700 consultations ont été réalisées durant la première année pour 11’500 en 2016. Une des raisons de cette évolution, analyse le Dr Saillant, «est que les gens ont aujourd’hui moins de réticences à consulter pour un mal-être qu’il y a dix ou vingt ans. Les tabous s’estompent et c’est tant mieux: davantage de personnes viennent nous voir avant d’être en état de dépression sévère. Pour toute une série d’affections psychiques, intervenir précocement donne de meilleurs résultats et permet d’éviter qu’elles n’évoluent vers la chronicité».

Davantage d’ambulatoire

L’action du CUP fait écho aux nouveaux préceptes de la psychiatrie suisse qui se mettent en place depuis la fin du 20e siècle: un peu partout dans le pays, l’offre de soins ambulatoires et semi-ambulatoires a été développée tandis que le nombre des lits en institution psychiatrique a été diminué. Autrement dit, les maladies psychiques sont traitées davantage en ambulatoire aujourd’hui qu’en stationnaire. «On hospitalise moins qu’il y a vingt ans», relève le praticien, «car la psychiatrie actuelle va davantage à la rencontre du patient que l’inverse. Avant la création du CUP, les personnes en détresse psychique étaient soit accueillies dans un hôpital psychiatrique, soit adressées à une structure ambulatoire, c’était beaucoup moins souple.»

A l’étroit, le Centre d’urgences psychiatriques de Pourtalès sera agrandi ces prochains mois. Il sera dotée de salles de consultations supplémentaires.

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