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Un spectacle pour «jouer» avec Jacques Rebotier

23 avr. 2011, 07:50

Trois questions à Françoise Boillat, comédienne chaux-de-fonnière

«Poète, musicien, compositeur, Jacques Rebotier est celui qui révèle le chant très obscur de la langue», écrit André Velter, lui-même écrivain et poète français. «Il le fait à sa manière qui est brusquée, ironique, toujours imprévue, toujours inventive.» Il y a deux ans, le Parisien - il est aussi acteur et metteur en scène - avait convié le public chaux-de-fonnier à la lecture de l'un de ses textes, «Contre les bêtes». Séduites par son inventivité subversive, la comédienne Françoise Boillat et la pianiste Mireille Bellenot ont rallié Philippe Vuilleumier, comédien, à leur cause: tricoter un spectacle à partir des textes de Rebotier. Mardi sur la scène de l'ABC, le trio se fera le complice d'un créateur pour le moins atypique, qui se définit lui-même comme un «hétérodidacte multiglingue»!

 

Le spectacle, intitulé «Et regrette de ne pouvoir faire aboutir votre appel» se présente comme un collage d'extraits de plusieurs textes. Pourquoi n'avoir pas choisi une seule oeuvre?

En fait, aucune des pièces ne correspondait à notre configuration - deux comédiens et une pianiste. Et puis, chacune d'elles - «Litaniques», «Le dos de la langue», «Vengeance tardive» - était trop conséquente pour entrer dans le cadre de la formule des «petits mardis» proposée par l'ABC. Mais chaque extrait se présente comme un poème autonome, avec un début et une fin bien définis. Avec cette petite forme, nous avons apprivoisé l'univers de Rebotier; dans l'idée, j'imagine, de faire un plus grand projet par la suite. Mais je ne sais pas ce qu'en pensent mes deux collègues!

 

Ces textes se présentent sous l'étiquette de «poésie courbe». Faire de la poésie courbe, ça consiste en quoi?

Poésie courbe est le sous-titre donné par Rebotier au «Dos de la langue». Dans cet ouvrage, certaines phrases sont écrites en ondulation, elles imposent des inflexions, des intonations. Dans les choix que nous avons faits pour ce spectacle, nous avons écarté les textes plus littéraires et les pièces purement musicales; nous voulions des ½uvres qui soient proches à la fois de la musique et du théâtre. Certains de ces «textes-partitions» définissent très précisément un tempo, d'autres nous ont laissés plus libre. Mais à chaque fois, les mots ont soulevé en nous des questions plus musicales que dramaturgiques.

 

Certains auteurs poussent la poésie sonore jusqu'à l'abstraction. Est-ce le cas de Rebotier?

Ce qu'on perçoit chez lui, c'est l'amour des mots et de leur sonorité, de leur rythme. Mais il reste attaché au sens; derrière les sonorités, on sent qu'il y a un auteur. Comme il a beaucoup d'humour, il joue avec les situations, mais elles ne deviennent jamais totalement abstraites. Il brode, par exemple, sur une phrase telle que «J'aime beaucoup ce que vous faites», phrase que nombre d'entre nous ont entendue. Dans une autre pièce, j'ai l'impression qu'il a retranscrit tous les bruits qu'il a pu entendre dans une foire. On le voit, sa poésie, parfois corrosive, n'a rien de romantique; si des thèmes la traversent, ils ne sont pas du tout flagrants. Il travaille plus sur l'absurde. dbo

La Chaux-de-Fonds: théâtre de l'ABC, mardi 26 avril à 19h

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