Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Nadia Karmous au tribunal

L'avocate des femmes musulmanes en Suisse a comparu hier pour avoir hébergé et employé un jeune Algérien. Elle s'est défendue en évoquant la charité musulmane. Le verdict tombera le 21 décembre Nadia Karmous, l'avocate des femmes musulmanes en Suisse, fait encore la une.

08 déc. 2006, 12:00

Il y a quelques semaines, le portrait illustré de la Locloise voilée paraissait sur une double page dans «Le Matin». Il y a un mois, la présidente de l'Association culturelle des femmes muslmanes de Suisse (ACFMS) recevait avec son avocat les excuses d'Yvan Perrin. Dans l'émission de la TSR «Infrarouge», la figure de proue de l'UDC avait cru voir un lien sur le site internet de l'association avec une organisation parente d'Al-Qaïda.

«Ma clientèle est totalement opposée au FIS»

La série continue, mais le nouvel épisode est moins heureux. Hier, Nadia Karmous comparaissait devant le Tribunal de police. Motif: elle aurait hébergé et employé illégalement, au centre culturel musulman qu'elle a créé à La Chaux-de-Fonds, un jeune Algérien. Jusqu'au moment où il s'est vanté d'être membre du FIS, le Front islamique de salut flanqué d'une branche armée qui veut établir en Algérie un Etat réglé par la charia.

«Ma cliente est totalement opposée au FIS, c'est aux antipodes de ce qu'elle désire religieusement», a voulu désamorcer l'avocat de Nadia Karmous, qui l'a présentée comme une grand-maman qui «distribue des loukoums» plutôt que dans la robe d'une «grande terroriste». Des menaces planeraient même sur le centre, jugé beaucoup trop tiède par des organisations islamistes. Nadia Karmous a opiné du chef.

L'affaire à juger devant le tribunal local, si c'en est une, remonte à 2003, sur fond d'idylle. Une proche de Nadia Karmous se marie avec le jeune homme, sous le sceau du Coran mais pas à l'état civil. Quelques mois plus tard, la mariée rompt. Désorienté, celui qui se prétend un étudiant attendant des papiers d'Alger pour régler sa situation cherche et trouve refuge au centre, qui ne lui demande pas ses papiers. Il y restera plus de six mois. Ce qu'il y fait? «Rien», est venue témoigner l'ex- «épouse». Il lit, prépare sa nourriture, mais ne travaille en tout cas pas. L'homme a peut-être donné quelques coups de main, mais «je ne lui ai jamais rien demandé», a insisté Nadia Karmous.

Le jeune Algérien - absent à l'audience - a dit tout le contraire à la police, après avoir été interpellé. Il aurait été engagé par Nadia Karmous elle-même pour faire des nettoyages et la cuisine. L'Union ouvrière a même réclamé à la directrice du centre, deux ans après les faits, 2200 fr. par mois pour l'intéressé.

Pour le contrôleur de l'Office de surveillance du service de l'emploi Thierry Chételat, représentant à l'audience le Ministère public, les choses sont claires. La présidente de l'ACFMS a facilité le séjour illégal de l'Algérien et l'a employé sans le déclarer ni verser les cotisations sociales. Même bénévole, toute activité qui normalement procure un gain est considérée comme lucrative s'il y a une contrepartie.

Visiblement, on est à mille lieues de l'esprit qui règne - ou régnait - au centre musulman de l'avenue Léopold-Robert, devenu aussi un lieu d'hébergement. Comme d'autres, l'intéressé a bénéficié de collectes. «On lui a donné de l'argent pour des lunettes, puis des verres de contact, pour des chaussures d'hiver», a expliqué Nadia Karmous. Son avocat a parlé d'«aumône à l'état pur», dans le sens religieux du terme.

Nadia Karmous risque 15 jours d'emprisonnement et 2000 fr. d'amende. Le jugement sera rendu le 21 décembre. A la sortie de l'audience, l'accusée constatait, un autre voile devant les yeux, qu'«on ne peut plus fonctionner à la charité, qu'elle soit musulmane ou chrétienne». / RON

Votre publicité ici avec IMPACT_medias