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Enseignant et homme de culture, Edgar Tripet n’est plus

Il avait dirigé le Gymnase de La Chaux-de-Fonds de 1976 à 1993 et s’est beaucoup engagé pour la culture neuchâteloise et suisse: Edgar Tripet s’est éteint le 31 décembre. Il avait 89 ans.

03 janv. 2020, 16:00
/ Màj. le 04 janv. 2020 à 05:30
Edgar Tripet en décembre 2018, lors d'une cérémonie organisée en son honneur par le Conservatoire neuchâtelois.

«Ces années auprès d’Edgar Tripet ont été des années magnifiques; c’était un homme d’une grande ouverture, un humaniste au sens premier du terme, qui agissait avec intelligence et compréhension vis-à-vis de ses élèves», témoigne Claude-Eric Hippenmeyer, son adjoint puis son successeur à la tête du Gymnase de La Chaux-de-Fonds, devenu depuis lycée Blaise-Cendrars. Enseignant, historien, directeur de l’établissement chaux-de-fonnier de 1976 à sa retraite, en 1993, homme de grande culture et aux multiples engagements, Edgar Tripet s’est éteint chez lui, à Neuchâtel, le 31 décembre, entouré des siens. Il avait 89 ans.

Grandir et mûrir

Résumer la vie et la carrière du défunt en quelques mots relève du pari impossible, tant son empreinte a été forte dans les milieux de l’enseignement et de la culture, tant à Neuchâtel qu’au niveau national. Comme professeur et directeur de gymnase, c’était «un facilitateur qui ouvrait des portes, sans autoritarisme», résume son successeur, qui rappelle cette anecdote: «A la rentrée, aux nouveaux élèves, il aimait dire: ‘Vous n’êtes pas là pour apprendre un métier, mais pour perdre du temps…’» Du temps pour grandir, mûrir, s’ouvrir, se forger une personnalité.

«Il éveillait notre curiosité»

Pour Claude-Eric Hippenmeyer, si ce climat d’ouverture perdure encore aujourd’hui au lycée, c’est à Edgar Tripet qu’on le doit. «Il éveillait notre curiosité, nous donnait envie d’aller voir à gauche à et droite. Une attitude que certains enseignants lui ont reprochée, le jugeant un peu trop laxiste.»

Mais cet esprit d’ouverture a guidé Edgar Tripet dans tous ses engagements, souvent au service de la culture, toujours pour la collectivité. Fin 2018, le Conservatoire de musique neuchâtelois lui a rendu hommage, rappelant que c’est grâce à une motion signée de sa main de député socialiste – et avec l’appui des autres partis – qu’est née l’institution, au début des années 1980. Les conservatoires privés de l’époque étaient au bord de la faillite.

Le rapport Clottu

Lors de la décennie précédente, l’intellectuel neuchâtelois a été, en tant que rapporteur de la commission fédérale d’experts, un des auteurs majeurs de la future politique culturelle de la Confédération. Ce qui faisait dire à Sylvain Jaccard, directeur du Conservatoire, lors de la cérémonie de 2018, que le «rapport Clottu» de 1975 – du nom de l’ancien conseiller d’Etat neuchâtelois qui présidait la commission –, «on aurait résolument pu le nommer le rapport Tripet». «Il a fait un travail remarquable de clarification de ce que pouvait être une politique culturelle en Suisse», renchérit Claude-Eric Hippenmeyer, qui rappelle que c’est de là qu’est issu l’Office fédéral de la culture.

Dans la foulée, Edgar Tripet a encore coiffé plusieurs casquettes, dont celle de vice-président de Pro Helvetia, de président de la Commission fédérale du cinéma et de président de la Commission suisse de l’Unesco. Et, en 1983, il a repris la présidence du Club 44 des mains de Philippe Braunschweig, devenant le premier président non issu de la famille d’industriels à l’origine de ce lieu d’échanges qui fait rayonner La Chaux-de-Fonds.

Il a écrit jusqu’au bout

Enfin, amoureux de l’écriture, Edgar Tripet a publié, seul ou en collaboration, des ouvrages historiques, ainsi que deux romans, dont «Trouvé dans une poubelle cosmique», paru en 2000. Selon sa fille Diane, il est resté, presque jusqu’à la fin de sa vie, «tous les jours à écrire à son bureau». Peut-être de quoi réaliser une édition posthume de ses réflexions.

La cérémonie funèbre aura lieu lundi, 6 janvier, à 14h, en la chapelle de la Maladière, à Neuchâtel.

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